Tizi Ouzou a connu une journée passablement agitée. Comme attendu, pratiquement depuis la veille, la gendarmerie a été la cible de certains jeunes qui ont multiplié les jets de pierres. Il a fallu attendre l'arrivée des CNS, en milieu d'après-midi, pour voir la tension baisser, même si les escarmouches ont quelque peu perduré. C'est donc vers dix heures, jeudi, que des jeunes, la plupart des adolescents ont commencé à se réunir devant le groupement de la gendarmerie sis au bout de l'avenue Abane-Ramdane. Aussitôt ce groupe a grossi au point d'atteindre environ une centaine. Les uns occupés à se pourvoir en «munitions» arrachant pour cela le dallage des trottoirs, les autres s'employant à arroser la cour du groupement de projectiles. Les gendarmes répliquent avec les mêmes projectiles, lancés à l'aveuglette depuis la cour. Les premières grenades lacrymogènes font leur apparition. Les commerçants, riverains de ce tronçon, ferment. Alors que jusque vers midi, ils s'obstinaient à ne point baisser rideau. Alors les esprits s'échauffent, les échanges de pierres sont agrémentés de salves de grenades lacrymogènes. Des pierres sont lancées contre certains bureaux de presse. Des journalistes, observant la scène depuis les balcons, les ont évitées de justesse. Peu après, juchés sur les toits des bâtiments du groupement, des éléments du GIR de la gendarmerie visaient systématiquement les bureaux de presse qui ont vu leurs vitres voler en éclats. Dans la rue, les jeunes gens, comme par déception de ne pouvoir avoir affaire aux gendarmes, échangent des jets de pierres avec les URS (CNS), mais tout cela sans grande conviction. Leur but est de faire sortir les éléments du GIR et d'en découdre une bonne fois pour toutes. Il faut dire que les adolescents se montrent résolus et pleins de hargne. On a vu des jeunes enfants se saisir des grenades lacrymogènes encore «fumantes» et les renvoyer dans la cour de la gendarmerie. Mais les escarmouches avec les CNS... Trop peu pour eux. Les jeunes donnent l'impression de «s'appliquer» à faire face aux éléments des CNS qui répliquent de temps à autre en faisant rugir les moteurs de l'engin antibarricades, plus connu des émeutiers sous le nom de «moustaches», et en lançant quelques grenades lacrymogènes. En fait, le but est d'éloigner ces manifestants des alentours de la gendarmerie. Ailleurs, dans les autres quartiers, aucun incident n'est à signaler, même la cité Les Genêts pourtant prompte à s'enflammer, ni M'douha ni le quartier dit : Le Mondial n'ont été de la partie. Les escarmouches s'étant surtout cantonnées - près de la gendarmerie. Contrairement à l'habitude, les adultes ont essayé, jeudi, de «raisonner» les jeunes, mais en vain. La colère du «refoulement musclé» de Naciria est toujours là, plus forte que les paroles de sagesse. Ainsi à Tizi Ouzou, il semble que «rien n'est terminé!» Des observateurs signalent que la rentrée risque d'être encore plus chaude que l'été. Les mêmes escarmouches ont été signalées dans la localité, et, dans une moindre mesure, à Draâ Ben Khadda.