La vérité est que, 46 ans après l'Indépendance, l'Algérie ignore. Le registre des déclarations contradictoires entre les responsables de l'Etat à différents niveaux ne semble pas s'épuiser. Après les questions d'investissement, de privatisation et de politique de manière générale, voilà que le cadastre divise encore deux responsables de l'Etat. «L'opération du cadastre en Algérie, relancée en 2004, devra prendre fin en 2017», c'est ce qu'a déclaré Karim Djoudi, ministre des Finances, jeudi dernier, devant les membres du Conseil de la Nation. Les premiers résultats de l'opération relancée en 2004 ont été qualifiés de «faibles» par M.Djoudi. L'Agence nationale du cadastre (ANC) n'a pu enregistrer que 8,5 millions ha du total de la superficie concernée. Quatre ans après son lancement, seuls 8% de la superficie des zones rurales ont été cadastrés alors que les zones urbaines l'ont été à hauteur de moins 1%! Cette déclaration vient de contredire les propos de M.Benmeradi, directeur général des Domaines. Il y a un peu plus d'une semaine, M.Benmeradi a avancé que «le recensement réel du domaine public national ne pourrait être effectué avant l'achèvement total du recensement cadastral national qui prendra fin en 2014». Pour ce qui est de zones cadastrées, elles comptent une superficie de quelque sept millions d'hectares. Entre 2014 et 2017 un espace de trois années et entre 7 millions d'hectares et 8,5 une très grade différence! Pourquoi cette confrontation des chiffres entre la direction des Domaines et le ministère de tutelle? Pourquoi ils n'arrivent pas à s'entendre sur les mêmes statistiques? Qui est en avance et qui accuse du retard? la question reste posée! De toutes les façons, 46 ans après l'Indépendance, l'Algérie ignore toujours son cadastre et les opérations menées pour son recensement sont menées à un rythme d'escargot. Pourquoi? Deux raisons sont à l'origine. Le manque de volonté de la part des Autorités qui avait choisi le système socialiste où tous les biens vacants appartenaient à l'Etat. Il y aussi un manque flagrant en moyens humains. l'Algérie ne compte que quelque 450 géomètres! Ces deux raisons, conjuguées à l'absence de moyens financiers empêchent le bon déroulement de l'opération. Notons que l'Agence nationale de cadastre (ANC) a bénéficié d'un prêt de 20 millions de dollars en 1993 de la Banque mondiale. «Cette enveloppe a permis la formation des agents de l'ANC et l'acquisition d'appareils topographiques, d'un avion et de véhicules utilisés pour le cadastre» a indiqué M.Djoudi. La méconnaissance du cadastre a fait rater des projets astronomiques en matière d'investissement. Rappelons-nous de l'affaire du géant de l'immobilier émirati Emaar, qui a annoncé son intention d'investir dans le secteur du logement en Algérie par l'injection de sommes incommensurables estimées à quelques milliards de dollars. Or, les projets de cet investisseur sont compromis, faute de foncier. Ce n'est là en effet qu'un petit exemple parmi des centaines, voire des milliers d'autres exemples qui sont à l'origine de la fuite des investissements directs étrangers (IDE) vers les pays voisins. L'opération de recensement cadastral sera relancée le 1er septembre de l'année en cours. Les biens et les terrains inoccupés seront-ils recensés comme étant des biens de l'Etat? Les chargés de cette opération, vont-ils chercher après leurs propriétaires? Yaurait-il des propriétaires de la dernière minute qui vont profiter de cet inventaire? Les notables ainsi que les organisations régionales, les comités de villages...doivent être consultés pour le bon déroulement et la crédibilité du recensement.