Sur les trottoirs, devant les mosquées, sur les ponts et même dans les cages d'escalier, aucun coin n'est épargné par le flux des commerçants venus faire des affaires. Dans le cadre de la lutte contre ce que la police appelle «la petite criminalité» au niveau de la capitale, 162 affaires de commerce informel ont été enregistrées durant la première semaine du mois en cours. C'est ce que nous apprend un communiqué de presse diffusé hier, par les services de la Sûreté d'Alger. Ce chiffre semble dérisoire, lorsqu'on constate l'amplitude de ce phénomène grandissant à travers la capitale. Sur les trottoirs, devant les mosquées, dans les cages d'escalier et même sur les ponts aucun coin n'est épargné par le flux des commerçants venus faire des affaires. Et puis, nul n'ignore que La Mecque de l'informel se trouve à El Hamiz. Pour ainsi dire, le chiffre consigné dans le communiqué de la police est aberrant face à l'ampleur du phénomène. Installé sur une surface de plusieurs centaines de mètres carrés, le marché d'El Hamiz est devenu, en l'espace de quelques années, une vraie caverne d'Ali Baba où les ménages trouvent leur compte. Des frigos aux poussettes, en passant par les meubles de maison et des jouets pour enfants, on y trouve de tout et à des prix imbattables. La majorité des commerçants de ce marché, où se brassent des quantités considérables de marchandises et des sommes faramineuses, ne payent pas ou peu d'impôts. En effet, ces commerçants qui achètent leurs marchandises sans facturation sont obligés de la revendre sans facturation également. Pour Boualem, un vendeur d'articles électroménagers en tous genres et toutes marques, «le mieux est de vendre sans facture, comme ça l'argent ne va pas au Trésor et tout le monde trouve son compte», dit-il. A ce sujet, l'Union des commerçants et artisans algériens estime que la hausse des impôts a poussé quelque 10.000 commerçants à se retirer des registres du commerce dans la région algéroise avant de rejoindre le secteur informel tandis que quelque 5000 boulangeries ont cessé leur activité entre 2003 et 2008. L'Union a également affirmé que le «marché parallèle représente actuellement 60% de l'économie nationale», une activité favorisée selon elle, par la hausse des impôts qui entraîne à son tour un recul de l'investissement. «Cette hausse crée des obstacles pour les investisseurs qu'ils soient nationaux ou étrangers. Ces impôts font perdre plus de 50% (des recettes fiscales) au Trésor (public), et encouragent le marché informel et la fraude fiscale», a déclaré le porte-parole de l'Union, Hadj Boulanouar. Et cela se reflète au nombre d'infractions à la réglementation enregistrées, qui est passé de plus de 115.000 pour l'année 2007 à près de 100.000 pour le seul premier semestre de l'année 2008, selon un rapport officiel. Selon de récentes statistiques officielles, près de 500 marchés informels ont été recensés en Algérie. Outre celui d'El-Hamiz, les plus connus sont notamment situés à El-Eulma, près de Sétif et à Bir El-Ater dans la wilaya de Tébessa.