La diplomatie marocaine tente de refaire surface pour faire valoir le bien-fondé de son projet d'autonomie. La délégation marocaine, emmenée par le Premier ministre, Abbas El Fassi qui devait participer à la 63e session de l'Assemblée générale des Nations unies, a vraisemblablement déraillé. Elle s'est aventurée sur le terrain miné du conflit du Sahara occidental. Les quotidiens Aujourd'hui le jour et Le Matin s'en sont fait l'écho pour travestir le véritable visage d'une question de colonisation qui dure depuis plus de trente ans. Le journal Le Matin se targua d'un soutien massif au projet d'autonomie marocaine. «Dans le florilège unanimiste des déclarations de soutien à l'initiative du Royaume du Maroc pour mettre en oeuvre une autonomie régionale dans le Sahara, il convient de mettre en exergue celle que Mme Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat américaine, a faite jeudi soir à New York», rapporte dans son éditorial du 26 septembre 2008, le quotidien Le Matin. Qu'a dit très exactement la secrétaire d'Etat américaine? «Il n'y a pas lieu de retourner à la case départ. Il y a des propositions sur la table pour la recherche d'un règlement à la question du Sahara et que, manifestement, cela va se traduire par une sorte d'autonomie.» Cela a suffi pour que la délégation marocaine crie victoire. Le ministre des Affaires étrangères marocain, Taïb Fassi Fihri, jubile: «Donc, c'est la réaffirmation par l'Administration américaine de sa position telle qu'elle a été exprimée par le président George W.Bush dans une lettre adressée à Sa Majesté le roi Mohammed VI», rapporte dans ses colonnes Aujourd'hui le jour. L'Administration américaine a probablement la mémoire courte, mais uniquement pour celui qui veut la croire. «L'affront» subi par la secrétaire d'Etat américaine, non qu'elle ait été mal reçue lors de sa visite au Maroc, est encore présent dans toutes les mémoires. Le souverain marocain, afin d'éviter un face-à-face qui aurait inévitablement débouché sur la question du Sahara occidental avec la secrétaire d'Etat américaine, a jugé plus utile l'inauguration de plusieurs projets à l'est de son Royaume. Un point sur lequel l'Administration américaine ne passera pas l'éponge aussi facilement. Et c'est sans aucun doute pour se faire pardonner cet «impair» que la diplomatie marocaine s'affaire à recoller les morceaux en faisant les louanges du secrétaire général de l'ONU, mais surtout de l'ex-envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies au Sahara occidental, Peter Van Walsum. Le diplomate néerlandais avait pourtant révélé n'avoir jamais soutenu le plan d'autonomie proposé par le Maroc. «Je me suis toujours abstenu d'appuyer cette proposition en tant que telle...En me citant, la presse marocaine a poussé le Polisario à constater que j'avais adopté une altitude délibérément pro-marocaine», avait déclaré Van Walsum à un hebdomadaire marocain. Une mise au point qui devrait apporter un bémol à toutes formes de spéculation et de gesticulation. La diplomatie marocaine table sur la démission du président Thabo M'beki pour gagner le soutien de l'Afrique du Sud. Cette nouvelle folle équipée marocaine ressemble fort à une fuite en avant sur laquelle souffle un terrible vent de panique. Le Front Polisario pourrait en tirer les marrons du feu.