La fédération avance comme argument la ritournelle selon laquelle les prix des matériaux de construction sont loin de couvrir ceux appliqués pour la cession. L'inflation et l'instabilité des prix des matériaux de construction n'ont pas laissé indifférents les bâtisseurs de Béjaïa. Ces derniers ont réagi par la voix de la section de la Fédération nationale du Btph de Béjaïa à propos des coûts du logement LSP dans cette wilaya, estimés au demeurant trop bas. Dans une lettre détaillée, adressée au ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, la fin de la semaine dernière, la Fédération du Btph a rappelé au ministre les revendications qu'elle lui a soumises lors de son passage dans les chantiers de la wilaya de Béjaïa, le 8 septembre dernier. Interpellé ce jour-là sur les difficultés d'ordre financier induites par un important déséquilibre entre le coût de revient des logement LSP et le prix de cession du m² fixé à 2000.000 DA par l'Etat, Noureddine Moussa avait alors répliqué en demandant, à son tour, aux opérateurs de lui fournir des preuves sur ce qu'ils avançaient. «Le prix de revient est loin de couvrir aujourd'hui toutes les dépenses et les charges engagées dans la réalisation de ces logements», ont-ils estimé. La fédération avance comme argument la ritournelle selon laquelle les prix des matériaux de construction sont loin de couvrir celui appliqué pour la cession. Pour mieux appuyer leur constat, les patrons ont établi une étude portant le prix de revient d'un logement LSP, type F3 d'une superficie moyenne de 65 m². Cette étude qui porte sur plusieurs volets dont les travaux de gros oeuvres, travaux CES, voirie et réseaux divers, équipement, notamment l'ascenseur, achat de terrain et frais divers fait ressortir au total un coût de revient estimé à 2019.762, 81 DA, soit presque 20.000,00 DA de plus par rapport au prix de cession appliqué actuellement. Les entrepreneurs de Béjaïa n'ont pas manqué de signaler un autre écueil à l'origine de leur souci. Il s'agit de la vente des locaux commerciaux d'accompagnement qui devait, selon eux, «compenser» le déséquilibre. Celle-ci n'a pas donné de résultats escomptés, exception faite des projets implantés dans le périmètre situé dans le chef-lieu de wilaya. Pour mieux défendre ses revendications, la Fédération du Btph souhaite rencontrer les responsables du département de l'habitat et de l'urbanisme. Une occasion perçue comme une opportunité de lever toute équivoque. S'agissant du respect des délais d'achèvement des projets, les promoteurs immobiliers de Béjaïa s'engagent à les respecter. A noter que les bâtisseurs de Béjaïa avaient déjà interpellé l'ex-chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, sur la même question. Les «graves conséquences» de la hausse spectaculaire des prix des matériaux de construction, plus particulièrement le rond à béton, ont été mis en exergue. Une situation de comparaison des prix entre ceux dispensés en 2002 et ceux de l'année en cours était exposée en détail. Le prix du rond à béton a flambé de presque quatre fois depuis l'année 2002, soit 42,5%, le sable et le gravier 27,2%, et la main-d'oeuvre a augmenté de 25%. Selon M.Kamel Louiba, «le gouvernement n'a pas respecté l'engagement pris de payer la différence induite par l'inflation des prix des matériaux cette année par rapport aux prix de 2007». Notre interlocuteur rejette l'idée d'un quelconque monopole de promoteurs sur les marchés publics tout en faisant observer l'existence des passe-droits et favoritisme au sein de l'administration mais «cela est négligeable», conclut-il.