C'est toute la planète qui gardera les yeux rivés sur l'élection présidentielle américaine. Qu'en sera-t-il des futures relations économiques entre l'Algérie et les Etats-Unis? La réponse semble claire à cette question, car il est peu probable qu'elles en soient affectées, quel que soit le nom du 44e président des Etats-Unis d'Amérique qui sortira des urnes. Obama ou McCain. Les échanges et le partenariat économique entre les deux pays semblent s'être ancrés dans la durée. La visite de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, ou bien celle plus récente effectuée par le secrétaire adjoint américain au Commerce, début octobre à Alger, le font en tous les cas bien croire. «Le moment est propice pour développer les relations commerciales avec l'Algérie», avait déclaré, lors d'une conférence de presse tenue dans la capitale algérienne, M.Israël Hernandez. «Aujourd'hui, les compagnies américaines expriment un intérêt croissant pour le marché algérien dans les secteurs hors hydrocarbures», a précisé M.Hernandez. Les investissements américains en Algérie étaient estimés à 5 milliards de dollars en 2007, sans tenir compte des hydrocarbures. Les échanges économiques entre les deux pays, qui se situent sur une courbe ascendante, ont atteint, quant à eux, les 20 milliards de dollars par an. Si les Américains ont comme terrain de prédilection le secteur pétrolier où ils demeurent très implantés, des frétillements notoires sont à observer dans d'autres branches d'activités. Il est, en effet, intéressant de signaler que le volume des échanges commerciaux s'est accru pour atteindre 2 milliards de dollars en 2007. Deuxième fournisseur des Etats-Unis dans le monde arabe, l'Algérie n'arrive qu'en 33e position des fournisseurs des Américains au niveau mondial. Malgré le pragmatisme sur lequel reposent leurs échanges commerciaux, ils manifestent une certaine volonté d'instaurer un partenariat qui ne peut qu'être profitable aux deux pays. Après une absence d'une année, les Américains ont repris le chemin de la Foire d'Alger, un lieu d'échanges et d'éventuelle coopération, incontournable. «Les rapports économiques bilatéraux demeurent, toutefois, dominés par les hydrocarbures. Aussi, souhaitons-nous une meilleure présence des entreprises américaines dans les autres secteurs de l'économie algérienne», avait déclaré, lors de la 41e Foire internationale d'Alger, l'ambassadeur d'Algérie à Washington, M.Amine Kherbi. Son appel, à défaut d'avoir été entendu, semble en tous les cas en voie d'être exaucé. La Sntf, Société nationale des transports ferroviaires, qui compte se moderniser, semble avoir jeté son dévolu sur le leader de l'automobile américaine General Motors (GM). Les négociations portent sur la création d'une société mixte. Une fois en place, elle aura à gérer la maintenance du parc de la Société nationale des transports ferroviaires. Le marché est juteux. Le programme quinquennal de renouvellement et de modernisation du rail algérien a été doté d'une enveloppe financière de 18 milliards de dollars. La Sntf compte se doter de 50 nouvelles locomotives dont 30 diesel. Cela devrait coûter la bagatelle de quelque 10 milliards de dollars. 40 anciennes locomotives (diesel) doivent être réhabilitées et la Sntf compte atteindre les normes internationales requises d'ici 2012. L'apport technologique et le savoir-faire de General Motors devraient aider à relever ce défi. L'Algérie, de son côté, ne compte pas rester les bras croisés. Elle compte bien renforcer sa position sur le marché américain du gaz naturel liquéfié. Deux accords de partenariat ont été signés, au début du mois de mars dernier, entre la Sonatrach et la compagnie norvégienne Statoil Hydro. Cela devrait permettre à la Compagnie nationale des hydrocarbures d'avoir un accès direct sur la côte est américaine. Le premier lui permettra d'avoir une capacité de regazification équivalente à 2 milliards de m3/an. Le second, un contrat de vente/achat, dont le volume est de 1 milliard de m3/an, entrera en vigueur en 2009 jusqu'en 2014. Ce sillon, qui semble, désormais être tracé, trouve ses racines dans la visite officielle qu'a effectuée le chef de l'Etat en juillet 2001 aux Etats-Unis. La place retrouvée de l'Algérie au sein de l'Unité africaine et le rôle de plus en plus important qu'elle joue en compagnie de l'Afrique du Sud et du Nigeria, n'ont pas échappé à l'oeil vigilant de Washington. La voix de l'Algérie au sein du concert des nations, portée par Abdelaziz Bouteflika, compte désormais, après avoir été écartée durant au moins une décennie. Les événements du 11 septembre 2001 ont changé la donne de la lutte antiterroriste. Les Etats-Unis ont fait de l'Algérie une pièce maîtresse de leur nouvelle stratégie en la matière. Une tendance et une coopération qui devraient rapprocher davantage les deux pays, après l'installation du nouveau locataire de la Maison-Blanche.