La situation sécuritaire en Afrique et au Maghreb intéresse les Américains qui semblent avoir une vision stéréotypée de la question. Pour beaucoup d'observateurs qui s'intéressent à l'évolution du terrorisme, à l'image de Goodwin Cook, professeur à l'école de Maxwell, ancien diplomate américain et ambassadeur en République Centrafricaine, Al Qaîda au Maghreb islamique, n'existe que dans la tête des groupes terroristes activant au Maghreb. C'est une pure imagination, a-t-il souligné lors d'une rencontre à l'université de Syracuse dans l'Etat de New York. «Je suis très sensible aux sujets qui touchent le Maghreb et l'élaboration de ces sujets ne peut se faire en une heure de temps». Il estime par ailleurs que la guerre contre ce fléau mondial n'a pas beaucoup de sens à ses yeux, mais les Etats-Unis soutiennent les peuples concernés et d'ajouter: «On est préoccupé par la situation en Algérie, elle n'est pas claire dans la mesure où l'on ne peut pas, avec certitude, déterminer la présence d'Al Qaîda, c'est une version de groupes terroristes en Algérie.» Goodwin Cook pense que ce mouvement est né juste pour renverser le système laïc. S'agissant d'une collaboration entre Al Qaîda et le Gspc, le diplomate dit que c'est difficile de donner une réponse à cette question, surtout avec les contradictions d'Aymen Al Zawahiri: «Pour moi il s'agit de deux groupes différents», explique M.Cook. Contre ce fléau qui menace la sécurité des nations, le diplomate américain affirme: «Les pays du Maghreb doivent s'unir et s'exprimer d'une seule voix. D'abord c'est le bien-fondé d'une démocratie que seule l'Algérie tente d'instaurer, ensuite cela permettra de lutter ensemble contre les djihadistes qui tentent de se répandre en Europe.» Quelque part, a-t-il ajouté, l'Europe a une part de responsabilité dans ce qui s'est passé en Algérie, notamment quand il y a eu intervention dans le processus électoral. Il ajoute néanmoins que quand les intérêts sont mis en cause, il faut réagir en conséquence, tout en précisant qu'Al Qaîda et le terrorisme en Algérie n'ont pas les mêmes objectifs et il est clair qu'aucun Etat ne prône le terrorisme. Goodwin Cook a également abordé le sujet de l'Africom. Pour lui, les Etats-Unis n'ont pas besoin d'une base militaire en Afrique, d'ailleurs, a-t-il indiqué, le Congrès a hurlé, estimant qu'il est temps de revoir le déploiement militaire américaine dans le monde. Cet avis n'est pas forcément un fait partagé par tous. Le sous-secrétaire d'Etat William J.Burns avait estimé, depuis Washington, au début du mois d'octobre, que l'idée d'installer une base militaire en Afrique n'entre que dans le cadre d'une coopération, à moins que cette option ne soit en filigrane. Cependant, très clairement pour lui, l'Africom soutient deux volets. M.Burns a ainsi noté: «Beaucoup de choses ont été dites sur ce sujet en suscitant des malentendus» et selon lui, «l'objectif est de tisser des liens d'une coopération militaire avec l'Afrique. Pour des intérêts communs et travailler ensemble sur des résolutions, coordonner les efforts pour donner à l'armée de mieux agir en cas de crise humanitaire». L'autre volet sur lequel le sous-secrétaire d'Etat ne s'étala pas, est le Maghreb, notamment l'Algérie et le Maroc qui constituent un grand potentiel humain, mais aussi un grand potentiel pour l'avenir des Etats-Unis dans la région. Sur ce sujet, William J.Burns s'est appliqué à parler du rôle de l'armée américaine sans pour autant répondre à la question et clarifier le dessein américain dans le Sahel africain. En tout état de cause, la position exprimée par les pays d'Afrique du Nord est claire et le projet ne semble pas avoir d'avenir sans l'accord des pays concernés, c'est-à-dire nord-africains et subsahariens.