«Les ports d'Algérie sont devenus une structure archaïque», affirme-t-on de source proche de la Cnan qui ne s'oppose pas à une filialisation des activités, voire à leur privatisation. L'exemple type de ce phénomène, qui s'exacerbe de plus en plus, est le port d'Alger, au large duquel de nombreux bateaux de transport de marchandises se retrouvent régulièrement bloqués en rade. Cette situation est à l'origine de sensibles pertes financières pour les ports algériens, souvent engorgés, lesquels dédommagent les armateurs à coups de milliers de dollars. En effet, le coût d'une immobilisation d'une journée revient généralement à quelque 1500 dollars. Imaginer une immobilisation d'une semaine ou plus! Les répercussions directes de cette situation sont une quasi-paralysie de l'activité sur les quais, voire une sérieuse dérégulation du programme des dessertes des car-ferries avec, à la clé, tout le lot de désagréments causés aux passagers. Ainsi, sur les jetées de nos ports, sombrent dans l'oubli des centaines de containers et autres engins. En effet, et au mépris de la législation en vigueur, des tonnes de marchandises sont abandonnées «délibérément» par leurs propriétaires, des années durant dans certains cas, alors que la législation prévoit un délai maximum de quatre mois et vingt et un jours, lors desquels toute marchandise doit être enlevée. Un comportement contre lequel le directeur général des Douanes algériennes avait récemment prévu de sévir. Certains importateurs, rappelle-t-on, recourraient à cette pratique pour bénéficier de la réduction des tarifs dans le cadre des facilitations accordées par l'Etat. L'on peut donc imaginer tout le désarroi que cause ce comportement irresponsable aux professionnels de l'enceinte portuaire algéroise où sont débarqués quotidiennement de 800 à 1000 containers. Aussi, évoque-t-on désormais la nécessaire et urgente «décontainérisation» des ports, notamment ceux de Béjaïa, Annaba et Alger. Alors que d'autres voix ont souligné à L'Expression l'urgence d'une filialisation des activités portuaires afin de venir à bout de ce problème lancinant. Les pouvoirs publics ont pris, quant à eux, la décision d'appliquer les solutions qui s'imposent après le énième blocage d'un bateau transportant du blé à l'entrée de la baie d'Alger. Par ailleurs, il s'est trouvé que des bateaux transportant l'un, du bétail (vaches) et l'autre, des fruits et légumes se sont vu bloqués durant des jours au niveau des quais d'Alger... faute de place. Et c'est face à cette anarchie qui persiste que les responsables entendent passer à l'action et dégager les solutions nécessaires, les ports algériens étant contraints de gérer une situation immédiate, puisque pour des raisons de fonctionnement, ils ont besoin de toutes leurs capacités d'accueil, c'est-à-dire de toute leur surface opérationnelle. En outre, toute solution apportée aux conditions de trafic aux ports du pays soulagera immanquablement le Trésor public, d'où sont dégagées des sommes considérables traduisant autant de pertes sèches. Le problème du temps d'attente en rade a un coût commercial énorme pour les sociétés de gestion des ports. A ce sujet, un cadre de la Cnan affirme que plus d'une trentaine de navires se retrouvent constamment en rade au large de la baie d'Alger. Ces derniers sont des paquebots de ligne c'est-à-dire que leur mission consiste à livrer la marchandise et repartir immédiatement après. A l'origine de cet état de fait, poursuit notre source, le port d'Alger qui ne jouit pas de suffisamment de structures d'accueil. Notre interlocuteur impute le congestionnement chronique des eaux du port algérois à l'absence de management dont devrait jouir la gestion du port. La même source contactée par L'Expression poursuit en disant que le problème de saturation des ports se pose particulièrement à notre pays, contrairement aux pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie. A ce titre, indique-t-on de source portuaire, l'Algérie gagnerait à prendre exemple sur le port de Tanger qui sert de plate-forme d'accueil aux navires européens, particulièrement espagnols et italiens, et génère une manne non négligeable en devises au Royaume alaouite. Cette alternative est d'autant plus adéquate, ajoute-t-on, que les ports de la Méditerranée connaissent une saturation sans précédent. Notons que dix ports commerciaux, dont les syndicats sont membres de la Coordination nationale des syndicats des ports d'Algérie (Cnspa), affiliée à l'Ugta, observeront un arrêt total de leurs activités le 12 novembre prochain. La décision a été prise par la Cnspa à l'issue d'une réunion qui s'est tenue les lundi 3 et mardi 4 novembre derniers à Alger. A l'origine de cette montée au créneau des représentants des 14.000 dockers, plusieurs revendications et aussi la décision prise par les pouvoirs publics d'engager un projet de partenariat entre les ports d'Alger et de Djendjen (Jijel) avec le groupe émirati DPW (Dubaï Ports World).