Cet arrêt des cours sera accompagné par des actions qui s´inscriront dans la durée. Les étudiants du département de langue et littérature françaises sont, depuis le début de cette semaine, en grève illimitée. Ce mouvement est, selon leur porte-parole, motivé par le laisser-aller dans lequel baigne leur faculté depuis des années. Le principal responsable de cette situation, mis en cause par la totalité des étudiants, est le chef de département. Ce dernier est accusé par les étudiants de vouloir bloquer et de contrecarrer toutes les initiatives visant l´amélioration des conditions de fonctionnement du département. Cet arrêt des cours, ont affirmé les représentants des étudiants, sera accompagné par des actions qui s´inscriront dans la durée et des opérations d´occupation de l´administration. Ils considèrent que c´est l´unique voie possible pour arracher des droits qu´ils ont jugés légitimes. Ainsi, concernant les pratiques du responsable en question, ils ont énuméré un nombre important d´atteintes au bon déroulement de leur cycle universitaire. Tout d´abord, ils lui reprochent, selon leurs propos, de primer l´administratif sur le pédagogique. Ils jugent injuste que le conseil scientifique soit dépourvu de ses prérogatives. Pour illustrer ce fait, les représentants des étudiants qualifient les procédures de rachat comme étant au seul profit des clientélistes. L´opacité qui entoure ces passages aux classes supérieures prouve, selon ces porte-parole, que les commissions en question sont déviées de leur vocation purement pédagogique. Puis, ce sont les multiples entorses au droit à des études de qualité qu´ils ont tenu à dénoncer. Le blocage administratif des concours de post-graduation, de son côté, est, en grande partie, à l´origine de cette grogne. En plus, les étudiants se sont interrogés sur les raisons du silence sur l´école doctorale. Instituée dans une perspective de coopération lors du Sommet de la francophonie de Beyrouth, en 2002, cette formule est appliquée dans tous les départements de français en Algérie, sauf à Tizi Ouzou. Enfin, ils reprochent au responsable du département d´avoir semé «la sécheresse pédagogique». Les étudiants rappelleront, à ce propos, le refus de ce dernier de donner les moyens pour l'accueil des personnalités scientifiques invitées pour des séminaires à leur bénéfice. Quant à la bibliothèque, ils considèrent que le budget est purement et simplement détourné. Ils affirmeront que 20% seulement de son montant sont consommés et de s'interroger sur le sort de ce qui reste. Ainsi, il apparaît dans les propos des grévistes que les raisons de cet arrêt des cours sont graves. Cet état de fait laisse présager des effets de contagion, sachant que les étudiants de l´université de Tizi Ouzou sont connus pour leur promptitude aux protestations. Par ailleurs, les étudiants de l´université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, affiliés au comité des cités de Oued Aïssi, ont rendu publique une déclaration des plus musclées faisant état des conditions de vie au niveau des cités «garçons et filles» de Oued Aïssi. Ainsi, les étudiants hébergés au niveau de la cité de Rehahlia Oued Aïssi, disent que, «jamais la rentrée universitaire n´a été aussi hypothéquée!» et d´expliquer que «ni les manipulations des effectifs ni l´entassement des étudiants dans des chambres étroites, ne peuvent camoufler l´incapacité à parer à des insuffisances criantes. La rentrée 2008-2009 fait ressortir au grand jour les limites de la prise en charge des besoins de l´enseignement supérieur et de l´étudiant. Le compte à rebours de la bombe (sociale) n´est pas très loin de zéro». Pour eux, ce qu´ils vivent à la cité de Rehahlia est tout simplement l´illustration parfaite d'une politique défaillante où chacun rejette la responsabilité sur l'autre. «Les étudiants s'interrogent sur les retards accusés par plusieurs chantiers entamés depuis plusieurs années. Et ce malgré les diverses promesses des autorités locales qui se réfugient, affirment les étudiants, derrière l´absence d´outil de réalisation.» Selon le comité de cité, les tuyauteries de la résidence et principalement celles de l´assainissement, sont toutes cassées, les chambres sont surpeuplées, l´eau chaude dans les salles d´eau est du domaine de l´esprit, l´hygiène est déplorable, cela sans compter le problème de transport avec seulement 18 bus pour le transport de 6000 étudiants et étudiantes. De même, ils affirment que le nouveau restaurant de Oued Aïssi n´est pas encore terminé. Et la résidence filles, sise au niveau de ce qui fut le campus de Oued Aïssi, fait pour accueillir plus de 1700 étudiantes, ne possède pas de restaurant universitaire et les filles doivent ainsi faire des déplacements nocturnes pour se restaurer, sans oublier que chez les filles, on accuse plus de 1000 places d´hébergement de déficit. Une attente qui semble arriver à sa limite et les comités de cités se préparent à une solide protesta. Un effort des autorités locales serait très apprécié par la population estudiantine qui commence à perdre patience.