Après les détenus du «printemps noir», le chef de l'Etat gracie les étudiants de Bouzaréah après la décision de justice. Les étudiants, qui ont écopé avant-hier de peines d'emprisonnement allant de huit mois à deux ans, ont bénéficié de mesures de grâce décidées par le Président de la République. Un communiqué rendu public hier par la présidence de la République, souligne que le chef de l'Etat «a décidé de mesures de grâce immédiates au profit des étudiants condamnés». La décision de Bouteflika est motivée par sa conviction que «notre jeunesse estudiantine est dans son immense majorité consciente des véritables enjeux et des véritables défis auxquels notre pays doit faire face ». Le geste du Président, relève-t-on dans le communiqué, est mû par sa volonté «privilégiant en toute matière le dialogue». Cela, sans oublier que la grâce décidée par le chef de l'Etat a une portée humanitaire. Il s'agit, selon le communiqué, «de ne pas hypothéquer l'avenir des étudiants concernés, particulièrement en cette période cruciale de préparation des examens de fin d'année». Légaliste, le Président de la République a tenu à préciser dans le même communiqué, son respect «du fonctionnement des institutions». Par son geste, il «n'a pas entendu s'immiscer dans le cours de la justice et prend acte du verdict prononcé par la juridiction compétente». Ainsi, le chef de l'Etat prend tout le personnel politique, et surtout ses contradicteurs, de vitesse, à travers une initiative, intervenue à moins de vingt-quatre heures, après la décision de justice. Les mesures de grâce auront, à n'en pas douter, une incidence directe sur le climat de tension qui règne depuis le 18 mai dernier à l'université de Bouzaréah. Il n'est pas exclu que les étudiants reçoivent à sa juste mesure l'appel au dialogue et à la vigilance contre les manipulations, lancé par Bouteflika dans le communiqué de la présidence de la République. Il est évident que la réaction rapide du Président au sujet d'une décision de justice à l'encontre d'étudiants l'ayant ciblé personnellement est de nature à apaiser les esprits, surtout qu'elle intervient quelques jours à peine après la grâce prononcée au profit de centaines de jeunes arrêtés dans le cadre du maintien de l'ordre lors des poussées de violence qui ont touché de nombreuses localités du pays, notamment en Kabylie. En jouant la carte de l'apaisement à fond, le chef de l'Etat est en train de marquer des points importants face à ses détracteurs qui tentent de passer sous silence les nombreuses initiatives allant dans le sens du retour à la quiétude. Privilégiant le dialogue, Bouteflika a réellement parcouru sa part de chemin pour aboutir à une connexion sincère avec les citoyens, loin de toute récupération démagogique. Sa volonté d'ouvrir toutes les voies de la concorde est effective et il ne tient qu'à la société de comprendre son message. En tout état de cause , il est clair que la libération de la quasi-totalité des jeunes impliqués, malgré eux, dans une très vaste opération de déstabilisation de la République, est un signal fort de la part du chef de l'Etat. L'on peut saisir à travers ces grâces, que le Président de la République n'a pas l'intention de faire subir aux jeunes Algériens un châtiment qu'il n'ont pas réellement mérité, pour la simple raison que les tireurs de ficelles sont les premiers responsables de cet état de fait. Il semble que Bouteflika a enfin compris qu'il est extrêmement important de réagir très vite et judicieusement pour ne pas laisser une situation pourrir et qui ne peut être que préjudiciable aux intérêts de la nation. Aussi, la libération des étudiants et des jeunes détenus du «printemps noir» est à inscrire dans une nouvelle démarche qui se veut plus proche des préoccupations réelles des populations et qui prend surtout en considération les manoeuvres des officines politiques, à l'extérieur du pays et celles incrustées dans le système corrompu. On croit, en effet, savoir que de grandes décisions visant à désarmer les ennemis de l'Algérie sont en chantier et principalement destinées à couper l'herbe sous le pied de ceux qui, dans le système ou dans l'opposition, trament des desseins contre la République. Affaire à suivre, donc.