Moins de cinq mois nous séparent de l'élection présidentielle d'avril 2009. Une échéance capitale pour le pays. Sous d'autres cieux, les primaires battraient leur plein. Les candidatures et les programmes se feraient au grand jour, donnant lieu à une effervescence électorale de conjoncture. Chez nous, rien n'indique tout cela. Au contraire, on assiste aux sempiternels tiraillements qui caractérisent toute la classe politique. Les «forces démocratiques» notamment, semblent se complaire dans ce rôle qui ne fait pas honneur à la culture politique et démocratique. Même si on est habitué à ce genre de scénario, il reste que la dernière sortie de quatre cadres du RCD est loin d'inspirer confiance. Les problèmes soulevés ne sont, certes, pas propres à ce parti mais leur évocation en public est un signe qui ne trompe pas sur la volonté de la base militante de remettre les pendules à l'heure. C'est en somme des germes de dissidence qui s'annoncent. Le feu couve aussi bien au RCD qu'au FFS. Ces deux partis, fruits d'une longue lutte pour la démocratie et les droits de l'homme, vivent au rythme de crises qui s'éternisent. Les problèmes de fonctionnement et de financement soulevés par-ci par là, confirment que les partis nés à la faveur de l'ouverture démocratique de 1988 ont reproduit exactement les mêmes pratiques de l'ex-parti unique. Des leaders trônent toujours comme des rois, reléguant aux calendes grecques toute émergence de nouveaux cadres. A chaque fois, qu'un élément se distingue, il est vite «liquidé» sur fond d‘accusations toutes aussi gratuites les unes que les autres. L'absence de démocratie au sein même des partis qui en font leur fond de commerce, reste contradictoire. Il ne faut donc pas s'interroger sur la défection de la population. L'espoir suscité par l'événement d'une nouvelle classe politique s'est vite effiloché au fil des années. Les législatives de 1997 restent les seules élections ayant véritablement provoqué un engouement populaire. Les vrais visages des nouveaux politiques n'étaient pas encore connus. Les engagements prononcés lors de la campagne électorale étaient démesurés et la déception s'est vite installée au sein de l'opinion. L'opacité qui a ensuite caractérisé la gestion interne des partis a fini par dissuader jusqu'à la base militante faisant de ces partis, populaires au départ, une sorte d'appareils au service des seuls chefs. La Kabylie, qui s'était singularisée pour un vote libre et démocratique, s'est réveillée comme d'un long cauchemar en 2001. Le réveil était brutal. La perte de confiance en une classe politique dépassée, a donné naissance à un mouvement qui a balayé d'un trait un parcours démocratique d'une dizaine d'années. Les partis ont, certes résisté, mais sans pour autant saisir les leçons. Les mêmes méthodes ont été reproduites par la suite. C'est toute la problématique de la classe politique algérienne qui tourne le dos à toutes les valeurs à même d'aider au développement de la société.