Au moment où certaines équipes confirment leurs ambitions, d'autres craignent déjà pour leur avenir. Commencé vendredi sur un coup de théâtre avec la défaite des champions du monde, le Mondial-2002 de football a atteint sa vitesse de croisière où les huit matches disputés ont été d'un bon niveau et équilibrés, seule l'Allemagne s'est offert une promenade de santé contre l'Arabie Saoudite (8-0). La défaite de l'équipe de France a paradoxalement eu pour effet de lancer immédiatement la compétition, tous les favoris potentiels ne manquant pas de retenir la leçon désormais bien apprise, selon laquelle il n'y a plus de petites équipes. Trois jours après la défaite surprise contre le Sénégal (1-0), le doute s'est installé dans l'équipe de France, championne du monde et d'Europe où l'on s'interroge désormais sur une animation défaillante, une tactique trop prévisible, la faillite de certains cadres ou encore sur la condition physique de plusieurs joueurs. Il a fallu l'absence d'un joueur pour tout remettre en cause et démontrer les carences d'une équipe vieillissante. Habitués à s'enivrer de la victoire depuis 1998, les Français doivent désormais apprendre à gérer les lendemains d'une désillusion. Une désillusion qui risque de contaminer d'autres équipes à l'image de l'Angleterre et de la Suède qui se sont neutralisées. Un match nul qui n'arrange aucune des deux équipes dans ce groupe F, dit «de la mort», mais qui fait le bonheur de l'Argentine qui a pris les commandes du groupe quelques heures plus tôt, en battant le Nigeria (1-0). Les «Albiceleste» ont justifié leur statut de favoris au titre suprême. Une suprématie concrétisée par Batistuta, juste récompense pour une équipe qui a fait le jeu durant toute la partie devant des «Super-Eagles» du Nigeria qui semblent avoir pris du plomb dans l'aile. En offrant la victoire aux «Albiceleste» Batigol est entré dans le top-ten des meilleurs goléadors. En inscrivant son 10e but en sélection, Batistuta est devenu le sixième meilleur réalisateur de l'histoire du Mondial de football. Batistuta, qui peut espérer améliorer très sensiblement son score, a marqué ses dix buts en dix matches à l'occasion de trois Coupes du monde (94, 98 et 2002). La première place est toujours détenue par le «Bombardier» allemand Gerd Muller (14 buts), devant le Français Just Fontaine (13), le Brésilien Pelé (12), l'Allemand Juergen Klinsmann et le Hongrois Sandor Kocsis (11). Avec dix buts, «Batigol» est revenu à la hauteur d'un autre Allemand, Helmut Rahn, du Péruvien Teofilo Cubillas, de l'Anglais Gary Lineker et du Polonais Gregorz Lato. Le meilleur buteur d'une Coupe du monde reste le Français Just Fontaine qui a marqué ses treize buts en 1958 en Suède, dont quatre en match de classement contre l'Allemagne (7-3). Justement l'Allemagne est passée comme un ouragan sur l'Arabie Saoudite (8-0), au cours duquel le jeune Miroslav Klose s'est signalé au monde par le premier triplé de la fête asiatique qui fait de lui le «Pechini» de ce tournoi contribuant ainsi au meilleur score jamais réussi par la Mannschaft en Coupe du monde. Une entrée en matière tout aussi réussie par les Espagnols qui se sont imposés sans grande douleur devant les Slovènes. Une victoire qui leur permet de prendre les commandes à la suite du nul arraché par les Bafana-Bafana dans les temps additionnels devant le Paraguay. Les autres favoris de l'épreuve feront leur entrée aujourd'hui. La Seleçao qui vient de subir un coup dur avec la perte de son capitaine Emerson, blessé à l'entraînement et forfait pour le reste de la compétition sera opposée à Ulsan, en Corée du Sud, à la Turquie, sans doute son principal adversaire au sein du groupe. Elle sera privée de son capitaine Emerson, qui s'est luxé l'épaule hier à l'entraînement et a dû renoncer au tournoi. Dans le groupe G, au Japon, l'Italie, sous le dôme du stade de Sapporo, doit soigner son entrée face à l'Equateur. Giovanni Trapattoni a mis ses joueurs en garde contre le «syndrome français» en leur rappelant que nul adversaire ne devait être sous-estimé. A Niigata, Croates et Mexicains s'efforceront de ne pas se laisser distancer. Restant à l'affût et prêts, le cas échéant, à profiter d'un éventuel faux pas des Transalpins.