De 19h jusqu'à une heure avancée, El-Esnam a vécu une nuit d'émeutes. El-Esnam, village situé à une dizaine de kilomètres à l'Est du chef-lieu de wilaya, a renoué avec les émeutes dimanche en début de soirée. L'arrestation par les services de sécurité de l'animateur le plus en vue au niveau de cette localité du mouvement, le nommé Mahmoud Boucheraine est, selon les premiers éléments d'information, la goutte qui a fait déborder le vase. Il est 18h 30 quand l'information, telle une traînée de poudre, se propage aux quatre coins de la région. Des groupes de manifestants se constituent à la sortie du village au lieu dit Abbès Boudjenane - un village socialiste - pour entraver la circulation sur la RN5 à l'aide de pierres, de troncs d'arbre déposés sur la chaussée. Les unités d'intervention de la gendarmerie nationale interviennent pour libérer le passage. La seule présence de ces éléments met le feu aux poudres. Dans un face-à-face où la violence a atteint son paroxysme, rien ne résiste à la furie de la foule composée de plusieurs centaines de jeunes. Les baraques du marché quotidien font les frais de la révolte. Des personnes rencontrées affirment que la destruction serait un forfait commis par les forces d'intervention, en guise de punition. 2 voitures immobilisées depuis longtemps au niveau de la fourrière de la commune sont incendiées partiellement pour l'une, totalement pour l'autre par les manifestants. Un gendarme et un garde communal en exercice à Bechloul sont interceptés par les émeutiers. Ils ne seront ni menacés de mort ou ne serviront encore moins de monnaie d'échange - comme le rapporte ce journal qui s'est saisi de cette information pour s'adonner à une spéculation qui en dit long sur la volonté de mettre à feu et à sang la région - mais relâchés quelques instants plus tard. Aucune violence ou sévices ne seront commis sur leurs personnes puisqu'ils rejoindront leur domicile à bord de la voiture du gendarme. La désinformation ira jusqu'à parler de passagers constantinois lynchés, rackettés... Hier matin, le village d'El-Esnam avait retrouvé un calme très précaire. Depuis Bechloul, le chef-lieu de daïra, les informations parlent de groupes préparant une autre action pour demander la libération du délégué et des 4 manifestants arrêtés lors des derniers événements qu'a connus El-Esnam. Du côté des services de sécurité, Mahmoud Boucheraine aurait été arrêté non pour son appartenance au mouvement, mais parce qu'il serait militaire déserteur! Si ce fait venait à être vérifié, pourquoi avoir attendu avant-hier pour exécuter la loi? Un point de presse demandé par le commandant du groupement de la gendarmerie n'a pas eu lieu puisque à 11h, 5 journalistes, dont L'Expression, n'ont pas été reçus parce que le chargé à la communication n'était pas encore venu à l'heure fixée. Parqués à l'entrée du groupement, nous nous sommes décommandés.