Les protestataires appellent à la création de l'Union nationale des conducteurs de train(Unct), afin d'améliorer leurs conditions de travail. Les conducteurs de train ont présenté hier, à un directeur régional de la Sntf, une plate-forme où ils dénoncent les conditions socioprofessionnelles dans lesquelles ils exercent leur métier. Des conditions en dégradation totale. «Parfois, on est obligés de conduire le train pendant 9 heures par jour, ce qui est exténuant et inadmissible», fulmine un représentant syndical de la Sntf, contacté hier par L'Expression. Réunis pour afficher leur soutien au peuple palestinien sauvagement agressé par l'armée israélienne, les conducteurs de la Sntf ont saisi l'occasion pour dire, en un seul mot,: «On endure le martyre.» Le régime du travail appelé en termes techniques P4 et datant de l'ère coloniale, «doit être changé dans les meilleurs délais», selon notre source. Et pour que cessent ces souffrances, les protestataires appellent à la création de l'Union nationale des conducteurs de train(Unct). Cette union sera affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens. Sinon, elle demeurera autonome. Ce sont d'ailleurs les initiateurs de cette idée qui l'affirment. Dans un autre contexte, les conducteurs ont reconnu que l'acquisition des trains d'une technologie sophistiquée leur a facilité la tâche. Les longs trajets se font actuellement en un temps très réduit. Des contrats portant installation d'équipements de signalisation et de télécommunication de différents tronçons ont été signés avec des sociétés françaises, espagnoles...considérées comme des leaders dans le domaine. Cependant, la modernisation de la Sntf ne se résume pas uniquement au matériel acquis. La crise, qui a frappé de plein fouet la Sntf en 2007, peut servir de meilleur témoignage. Une dizaine de jours durant, les trains n'avaient pas quitté les gares. Des pertes colossales pour la Sntf...et Naftal. Les conducteurs étaient prêts à présenter une démission collective, chose peut-être qu'aucune autre section syndicale n'avait fait. Et s'ils ont décidé d'opter pour ce type d'action, c'est parce que leur situation était grave. Nombreux parmi eux, ont eu des problèmes auditifs dus à la nuisance sonore. D'autres ont contracté des rhumatismes, des hernies discales...et des maladies psychiques. Toutes ces pathologies, pour ne citer que celles-ci, ne sont pas considérées comme des maladies professionnelles. L'Algérie, qui fait partie de l'Union internationale des maladies des chemins de fer, ne brille qu'en théorie. Les spécialistes ont axé leurs interventions sur deux points importants formulés sous forme d'interrogations. Le débrayage des conducteurs de train de la Sntf était-il une affaire d'Etat? Les revendications élémentaires des protestataires dépassaient-elles la direction de la société? Une chose est sûre: l'origine de cette grève ne «justifie» aucunement l'ampleur prise par cette dernière. Les grévistes réclament la révision des primes de rendement individuel (PRI), de rendement kilométrique (PRK) ainsi que l'indemnité de déplacement du régime particulier (Idrp). Réunies, ces trois primes s'élèvent à 860 dinars. Multipliées par le nombre global des employés, elles sont pratiquement insignifiantes.