Alger a vécu un vendredi, pas du tout orthodoxe. La rue a crié sa colère devant les exactions commises par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza. Alger a tenu à réaffirmer son soutien indéfectible à la cause palestinienne en dépit de l'interdiction des manifestations, en vigueur depuis mai 2001. Cependant, la manifestation a failli tourner à l'émeute. Blessés, pillage de magasins et saccage de véhicules, de vitrines et de mobilier urbain. La manifestation de soutien au peuple palestinien a tourné au vinaigre. Pourtant, des témoignages de soutien au peuple palestinien ont eu lieu à travers le monde. Mais aucun n'a connu de débordements ni dépassements et encore moins d'agressions. En plus des casses, pillages et agressions, il a été dénombré 63 blessés dont 23 policiers. Ces actes de violence ont été commis par des «trublions» qui ont infiltré ces rassemblements, indique le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales dans un communiqué. En effet, en l'absence d'organisation, clairement identifiée, la porte restait ouverte à tous les débordements et récupération. Ce manque de coordination a engendré un désordre total, donnant aux casseurs et aux manipulateurs d'entrer en scène. Pour éviter ces débordements, il aurait fallu que la manifestation soit préparée et coordonnée par des associations, dont c'est le rôle. Récupération, casse et vols ont marqué donc la manifestation de vendredi à Alger. Les slogans tirés du folklore de l'ex-FIS ont refait surface à l'occasion. D'ailleurs, la présence de Benmohamed et de Boukhamkhem -deux figures de la mouvance islamiste- dans la foule, n'est pas passée inaperçue. Fidèles à leur stratégie, les islamistes demeurent les maîtres de la manipulation-récupération. Les manifestations ont eu un même point de départ, la mosquée, comme dans les années 1990 lors de l'insurrection de l'ex-FIS. En dépit de l'interdiction de manifester dans la capitale, les islamistes ont voulu défier l'Etat pour prouver leur capacité de mobilisation et de... nuisance. Les slogans entendus vendredi dernier ne sont pas sans rappeler les tristes années de terrorisme ayant endeuillé des centaines de familles. En voulant s'accaparer la marche de soutien au peuple palestinien, les meneurs de la marche de vendredi viennent de commettre une faute politique grave. En scandant des slogans hostiles au pouvoir et en remettant au-devant de la scène des figures bannies pour avoir failli conduire le pays à la dérive, ils ont dévoilé leurs véritables desseins. Or l'Algérie ne veut plus revivre le spectre des années de sang. On comprend mieux pourquoi le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales maintient l'interdiction de manifester au niveau de la capitale. Sous certaines conditions, la raison d'Etat doit toujours l'emporter.