Le répertoire cinématographique algérien vient de s'enrichir d'une nouvelle production El Manaâ, projetée jeudi soir, en avant-première à Constantine en présence de son réalisateur Mohamed Fouzi Delmi. Ce long métrage dont le réalisateur a également signé le scénario et la musique, s'est choisi pour trame de fond une histoire de magie et de charlatanisme qui met en scène les péripéties d'un jeune qui vivait bien dans son époque et était même patron d' un cybercafé, symbole de modernité et d'évolution, et qui se laisse avoir par les fourberies primitives d'un charlatan. Ce dernier, en miroitant au jeune Lyès, le héros principal du film, le pouvoir de le rendre miraculeusement riche en lui déterrant un trésor emmuré quelque part dans un coin de la belle et ancienne maison qu'il a héritée de ses ancêtres, l'entraîne dans un engrenage qui se refermera sur lui et l'amènera jusqu'au crime. Pris dans la spirale de la magie et de la cupidité, Lyès, le héros, se verra entraîné dans les dédales inextricables et obscures de la magie noire qui l'amèneront à causer l'empoisonnement de personnes innocentes et, à être poursuivi pour crime, perdant en chemin l'amour de sa dulcinée, son travail, son honneur et sa santé mentale et physique. Le film dont on ne peut dire qu'il brille par l'originalité de son histoire ni par l'art de la raconter a, par contre, le mérite d'utiliser des techniques peu usitées dans le cinéma algérien comme les courses poursuites à travers les ruelles de la vieille ville et sur ses toits, des bagarres vertigineuses sur le bord des falaises des gorges du Rhummel, un rythme rapide et virevoltant peu coutumier et surtout, de raconter une histoire ayant pour toile de fond Constantine, son site et son patrimoine bâti, bref de permettre à des Constantinois de faire leur propre image. Le réalisateur d'El Manaâ, un titre qui fait référence à une protection employée dans l'ancien temps pour protéger les trésors enfouis dans les murs des constructions, a également eu le mérite de rompre avec la pratique prévalant jusque-là dans le cinéma algérien et qui consistait à faire jouer les mêmes acteurs dans pratiquement tous les films. Fouzi Delmi qui confie avoir appris la réalisation cinématographique par correspondance, s'est dit, dans ce contexte, fier d'avoir contredit la règle qui veut que pour réussir son premier film, un réalisateur se doit de faire appel à des vedettes connues. Ahmed Ryad qui incarne avec talent le rôle de Lyès, a été découvert au hasard d'un casting et toutes les autres révélations du film, à l'instar de Meliani Abdelhamid et Boudissa Abelhakim, n'ont jusque-là joué que des rôles de comédiens de théâtre amateur. Qualifié de premier film algérien de suspense, ce nouveau-né du cinéma national est également le premier long métrage de son réalisateur, un jeune Constantinois jusque-là peu connu du milieu cinématographique, et la première production de Meri Mark Group, une société de production et de réalisation cinématographiques basée à Constantine.