La communication institutionnelle du pouvoir judiciaire demeure un sujet timidement abordé. Une session de formation se déroule depuis hier à la Résidence des magistrats, à Ben Aknoun sur les hauteurs d'Alger. Destiné aux magistrats, ce stage est axé sur la communication entre ces derniers et les citoyens. «L'objectif spécifique de cette formation est de contribuer à l'amélioration des capacités du système judiciaire algérien en termes d'organisation, de compétence, de transparence et de qualité de service aux agents économiques et aux citoyens», souligne, à ce propos, le chef d'équipe de l'Unité d'appui au projet de réforme de la justice en Algérie, Ivan Paneff. Ainsi, ce séminaire s'inscrit dans un programme visant à contribuer à la consolidation de l'Etat de droit en Algérie et à favoriser la paix et la stabilité. Il tient également à intensifier la coopération en matière des droits de l'homme, de démocratie et de bonne gestion des affaires publiques. Réformer la justice, c'est aussi changer son image, améliorer la manière dont elle est perçue par le justiciable, renforcer sa présence dans le débat public et pour replacer son rôle de vigilance démocratique, auquel le citoyen a recours pour assurer les droits que lui confère la Constitution. Sur un autre registre, il a été soulevé la relation entre le juge et la presse, qui reste «à être établie dans ses bases mêmes, tant il peut paraître antinomique d'instituer un dialogue entre un monde du secret censé assurer la sérénité du processus judiciaire et la protection des droits des justiciables et un monde de la liberté de parole garante de la liberté d'expression et de l'égalité des droits entre les citoyens», affirme M.Paneff, ajoutant qu'aujourd'hui, il est tout à fait opportun de souligner que cette discipline neuve que constitue la communication judiciaire émergeant dans le droit des Etats membres de l'Union européenne soit immédiatement mise à la disposition des magistrats algériens afin que ses techniques puissent être éprouvées simultanément des deux côtés de la Méditerranée. Optimiste, M.Paneff souhaite que «ce séminaire permettra l'expression de nouveaux talents au sein du personnel judiciaire qui maîtrisera de nouvelles techniques d'information et ouvrira de nouveaux champs à la communication institutionnelle du pouvoir judiciaire encore trop timidement abordée à ce jour». De son côté, le procureur général près la cour d'appel de Montpellier (France), également spécialiste en communication judiciaire, Bernard Legras, a déclaré dans un entretien express à L'Expression que «le contact entre le magistrat et le journaliste doit être incessant. Il ne faut pas attendre jusqu'à ce qu'un événement arrive». Et d'indiquer, au passage: «Je suis venu plusieurs fois à Alger, et j'ai constaté que la presse est libre donc elle peut faire passer des messages.»