Curieusement, le communiqué ne débouche sur aucune perspective concrète. Le groupe des quatre, composé de Hocine Aït Ahmed, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali-Yahia Abdennour et Rachid Benyelles, a rendu public, hier, un communiqué dans lequel il est revenu en détail sur le déroulement et les résultats du scrutin du 30 mai. Guère tendre en direction du pouvoir, le communiqué donne le ton d'entrée de jeu en ne parlant rien moins que «de coup de force». Les quatre, rejetant tant le scrutin que les résultats qui en ont découlé, affirme, citant des témoignages recueillis aux quatre coins du pays, y compris chez des citoyens qui avaient pris part à l'organisation du scrutin, affirment que «les taux de participation ont été sommairement gonflés». Selon le communiqué, «à peine 20% des électeurs ont véritablement voté». Aux yeux des signataires du communiqué, ce taux à lui seul, «suffit à démontrer l'échec du pouvoir puisqu'il avait déployé les grands moyens pour amener les citoyens à voter massivement». Les quatre ne s'arrêtent pas là. Sur la base des sources déjà citées plus haut, il est affirmé qu'«une bonne partie des quelque 800.000 bulletins nuls contenait des insultes en direction du pouvoir». Explication: «Beaucoup de citoyens, contraints de voter sous diverses menaces, ont quand même tenu à exprimer leur rejet à leur manière». Manifestement dépassé par le temps, trahissant en quelque sorte une sorte d'essoufflement du groupe (ne peut-être uniquement à la faveur de l'échéance électorale), il est également fait état du vote des bureaux itinérants et des corps constitués. «Une aberration» selon le communiqué, puisque pas moins de 1,5 million de voix constitue «un immense réservoir que les autorités officielles affectent aux partis de leur choix pour confectionner les résultats fixés par avance en haut lieu». La Kabylie n'est pas en reste dans ce constat particulièrement dur: «La validation par le Conseil constitutionnel l'autre chambre d'enregistrement des résultats du coup de force électoral, notamment en Kabylie, est la preuve que cette institution de l'Etat n'a pas observé la règle essentielle qui lui interdit d'apporter son soutien au pouvoir au détriment de la vérité et de la justice.» Pour curieux que cela puisse paraître, le communiqué, en outre, a déploré le soutien apporté par la communauté internationale au scrutin du 30 mai, et à l'Assemblée qui en a émané. Pour les quatre, au contraire, «la nouvelle APN n'a aucune légitimité et ne sera donc d'aucune utilité». Amère prédiction s'il en est, «le pays continuera de s'enfoncer dans la crise qui l'ensanglante depuis plus de dix ans avec le risque supplémentaire de voir les forces centrifuges à l'oeuvre dans des régions comme la Kabylie, prendre une tournure dramatique pour l'unité nationale». En dépit de ce constat particulièrement alarmant, le communiqué ne débouche sur aucune proposition d'action concrète, ni la moindre perspective tant pour le pays que pour le groupe des quatre. Il se contente juste de «rendre hommage aux Algériennes et aux Algériens pour leur acte de résistance (les appelant pour finir) à continuer la lutte par tous les moyens pacifiques jusqu'à l'instauration d'un régime démocratique respectueux de la volonté populaire librement exprimée».