Les économistes les plus aguerris classent l'Algérie dans la catégorie des niches financières vierges à exploiter en ces temps de crise. Comme la pomme de Newton, une autre chance «tombe» sur l'Algérie succédant à celle du baril à 147 dollars en juillet 2008. Après les hommes d'affaires américains, allemands et les PME françaises, ce sont les compagnies aériennes qui lorgnent le sol algérien où trône une tirelire de 150 milliards de dollars. Un véritable eldorado, un Pérou des temps modernes pour ces compagnies qui font face au pire environnement en termes de chiffres d'affaires depuis 50 ans. C'est Aigle Azur qui a ouvert le bal, pour s'engouffrer dans «ce gisement» en ciblant une catégorie bien spéciale de voyageurs: les patrons. Une offre destinée à près de 1000 hommes d'affaires algériens a été scellée entre l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea) et Aigle Azur. Ces hommes d'affaires bénéficieront d'une réduction de 10% pour leurs déplacements à l'étranger en plus d'une carte de fidélité pour avoir un billet gratuit après 5 voyages. La cérémonie de signature a eu lieu le 15 mars dernier, entre le président de l'Agea, Mouloud Kheloufi, et le directeur général d'Aigle Azur, Meziane Idjerouidène. «Cet accord s'applique aux voyages émis et uniquement en Algérie et en dinars algériens sur les vols réguliers Aigle Azur», a précisé M.Idjerouidène, ajoutant que «le présent contrat est conclu pour une durée déterminée, soit du 1er février 2009 au 31 janvier 2010 inclus». Deux jours plus tard, soit le 17 mars, la compagnie allemande Lufthansa emboîte le pas à Aigle Azur et trouve judicieux d'investir dans le ciel algérien avec le tassement mondial du trafic aérien. Selon M.Sylvain Heydlauf, directeur général pour l'Algérie, cette décision intervient après plusieurs années d'observation du marché de l'Afrique du Nord en général et de l'Algérie en particulier. 5,2 milliards de dollars de pertes en 2008 Selon ce responsable, Lufthansa continue d'enregistrer un nombre croissant de passagers en Algérie. «Nous sommes convaincus que cette tendance se poursuivra durablement dans la région», a-t-il mentionné. Cette démarche de la compagnie allemande se traduit par le renforcement immédiat des capacités de dessertes de Lufthansa au départ de et vers l'Algérie, notamment l'instauration de deux vols supplémentaires de jour vers Frankfurt. Plus encore, Lufthansa a assorti ce trafic d'une grande nouveauté, à savoir l'inauguration de la destination Chine à partir de la capitale algérienne. Le lendemain de cette intervention, un autre géant du ciel mondial sort ses griffes et revendique sa part du marché algérien, il s'agit de Air France-KLM. Très sérieusement touché par la crise financière comme la plupart des compagnies dans le monde, «c'est pour cela que nous diminuons les offres en dehors de l'Algérie à hauteur de 3%», a reconnu Jean-François Fauveau, directeur général d'Air France-KLM. «En Algérie, c'est tout à fait le contraire puisque nous avons augmenté l'offre de 9%», a affirmé le même responsable expliquant que «les résultats d'Air France Algérie sont plus que bons, ils sont même excellents et ont atteint un taux de croissance de 17,7% entre avril 2008 et février 2009». Il va sans dire que la compagnie Air France continue d'enregistrer un nombre croissant de passagers en Algérie, atteignant ainsi cette année un taux de 12,4%. Qui dit mieux pour une firme qui annonçait, il y a à peine quelques mois, vouloir réduire ses capacités de 3,4% pour l'été 2009 et au moment où toutes les compagnies aériennes dévoilent des chutes de leurs résultats en raison de la crise? Les hommes d'affaires s'y mettent L'Association internationale du transport aérien (Iata), représentant 230 compagnies aériennes, a reconnu que de nouvelles pertes économiques devraient affecter en 2009 le transport aérien. Pour 2009, l'Iata table sur un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards de dollars contre 5,2 milliards en 2008. Les experts les plus avertis et les économistes les plus aguerris classent l'Algérie dans la catégorie des niches financières vierges à exploiter en ces temps de crise. De ce fait, les entreprises cherchent la croissance ailleurs et réorientent une partie des investissements vers les pays émergents. C'est le cas notamment des PME françaises qui restent épargnées par la crise parce qu'elles ont fait le choix d'exporter dans des pays à fort potentiel et toujours en croissance. «Le potentiel de ce pays est énorme» estimant qu'«il y a encore de l'argent pour plusieurs années dans quelques pays comme les pays arabes». Il n' y a pas que les entreprises françaises et les compagnies aériennes, les hommes d'affaires s'y mettent aussi. Il y a un mois une délégation d'hommes d'affaires américains conduite par le chairman du Conseil d'affaires algéro-américain, Don De Line, n'a pas caché son intérêt pour cette niche financière. «L'Algérie est une opportunité parfaite pour relancer l'économie américaine», a déclaré M. De Line. «Les entrepreneurs américains essaient de voir et de dénicher des opportunités à l'extérieur des Etats-Unis et l'Algérie est un excellent endroit pour cela», a-t-il ajouté. Les Allemands font partie également de ceux qui convoitent l'eldorado algérien. Les capitaines d'industrie allemands ont déjà mis un pied en Algérie soutenant que c'est un pays «sûr» et «prospère» par rapport au contexte international économique défavorable frappé de récession et de stagnation, sinon de dépression. Question: l'Algérie saisira-t-elle cette énième chance pour sortir de la spirale de crises dans laquelle elle se démène depuis plus de plus de 20 ans?
