Les six prétendants ont certes parlé de leurs programmes, mais se sont aussi lancés dans des prévisions et des menaces. Abdelaziz Bouteflika veut être élu à la plus haute magistrature du pays avec une majorité absolue. Moussa Touati table sur un second tour. Djahid Younsi estime que la course sera très serrée et se qualifie comme l'homme de la surprise. Mohamed Saïd n'est pas obsédé par les résultats. Louisa Hanoune pense qu'elle est présidentiable et Fawzi Rebaïne crie à qui veut l'entendre que le vote sera biaisé. Pendant 19 jours, les 6 candidats ont certes parlé de leurs programmes mais se sont aussi lancés dans des prévisions et des menaces. Une stratégie «made in Algeria» qui entre dans le cadre de l'animation politique. Chacun y allait de sa recette pour attirer des électeurs, décidément pas trop convaincus par les discours. Au 11e jour de campagne, trois candidats, MM.Fawzi Rebaïne, Mohamed Saïd et Djahid Younsi ont menacé de quitter le navire et de se retirer de la course au Palais d'El Mouradia. Et pour cause, l'administration favorise selon eux «le président candidat au détriment de l'opposition». Les candidats ont accusé le président de la Commission politique de surveillance de l'élection présidentielle, l'autre acteur principal de cette campagne. En effet, depuis son installation, la commission présidée par M.Mohamed Teguia a essuyé plusieurs tirs des candidats et des non-candidats, à l'image de M.Saïd Sadi qui a accusé le président de la Cnspep d'outrepasser ses prérogatives quand il l'a accusé d'atteinte à l'emblème national. Retour à nos candidats. Le président du Front national algérien (FNA), classé dans le rang «des lièvres», sera au second tour de l'élection présidentielle. Une projection basée sur le contact que ce dernier a eu avec la population pendant la campagne. Le FNA parle d'un second tour puisqu'il est certain que le président candidat n'est pas en mesure d'avoir une majorité face à cinq candidats. L'autre certitude: «Le taux de participation ne dépassera pas les 40%.» Le candidat d'El Islah, M.Djahid Younsi, ne s'est pas lancé dans les chiffres mais soutient, lui aussi, que le second tour est inévitable. Pendant cette campagne, le candidat qui se définit comme le candidat des Algériens et non seulement de la mouvance islamiste, ne semblait pas très sûr de lui, et il l'exprime bien en s'adressant à ses sympathisants. Il affirme: «Je crains que vous ne me lâchiez le 9 avril.» Durant la campagne électorale, les programmes politiques ont été souvent occultés. Les candidats, à l'exception de Mme Louisa Hanoune et de M.Abdelaziz Bouteflika, ont consacré beaucoup de leur temps à répondre à ce qui se dit ou s'écrit à leur sujet. M.Fawzi Rebaïne de AHD 54, qui n'est pas à sa première expérience, défend sa qualité de candidat: «Je suis un candidat et non une carte politique.» Mohamed Saïd, lui, donnait l'impression de mener une campagne pour une cause avec un rythme et une rhétorique propres à lui. Il a surpris tout son monde en annonçant que les résultats du 9 avril ne l'intéressent pas. Le candidat Abdelaziz Bouteflika est le plus intransigeant parmi les six: il a carrément exprimé son ambition de rafler la majorité des suffrages exprimés. Il s'est montré très à l'aise dans sa campagne en se consacrant à la présentation de son programme. Idem pour la femme qui se dit présidentiable, l'infatigable Louisa Hanoune.