Sculpteurs, cinéastes et peintres vont être aidés financièrement par le patronat,ont annoncé hier les membres du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise. Les entrepreneurs algériens veulent donner une nouvelle image de leurs sociétés. A l'avenir, ils n'auront plus à se pencher uniquement sur leurs calculatrices dans leurs bureaux. Ils auront à s'ouvrir davantage sur la société. L'un des moyens explorés pour ce faire est celui du mécénat et du sponsoring. Ce genre d'activités existe déjà dans le monde du sport et de la solidarité, mais il sera étendu progressivement à d'autres domaines comme l'art et la culture. Pour franchir ce pas, le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), qui regroupe aussi bien des société publiques que privées, entend entamer des initiatives inédites. Le premier responsable de Care, Nassim Kerdjoudj a effectivement annoncé hier qu'une rencontre annuelle va être instituée pour regrouper les entrepreneurs et les artistes. Cette déclaration a été faite à l'Ecole supérieure des affaires à l'occasion d'une conférence sur l'industrie culturelle animée par l'attaché culturel et audiovisuel de l'ambassade de France à Alger, Vincent Garrigues. De nombreux chefs d'entreprise ont soutenu cette initiative. C'est le cas de Hassan Khelifati, P-DG d'Alliance Assurance et de Slim Othmani P-DG de la Nouvelle conserverie d'Algérie ou encore Samir Hamouda, responsable de PriceWaterHouse à Alger. D'autres responsables sont aussi intéressés par ce mode de participation à la vie culturelle du pays à l'instar de ceux de la maison d'édition Sedia ou encore ceux de New Energy Algéria. Le plan d'action de Care, avec le soutien des entreprises, s'étend à de nombreux domaines. C'est ainsi que des ateliers de lecture, de peinture et de dessin sont au programme à destination des écoliers. Des séances pourraient être organisées dans ce sens les lundis et jeudis après-midi, à la sortie de l'école. La demande est réelle et les gamins ne demandent qu'à disposer d'espaces pour exprimer leurs talents ou exercer leur passion. Par le passé, les patrons avaient tenté de telles expériences mais le succès ne leur a pas souri. On en veut pour preuve le témoignage de Slim Othmani. Il y a quelques années, ce parton a voulu lancer un concours de peinture. Des artistes ont été contactés ainsi que l'Ecole des beaux-arts mais le projet n'a jamais abouti. La raison en est qu'aucun artiste n'a été intéressé par cet appel. Pourtant, le concours était doté de prix, le premier étant d'une valeur de 30 millions de centimes. L'espoir est grand de voir ce comportement évoluer. Il est attendu que le rendez-vous annuel proposé par Care puisse rapprocher deux mondes qui se sont ignorés jusqu'à présent. L'image des entreprises pourrait évoluer vis-vis du public car cette tendance au mécénat n'est pas totalement désintéressée, comme l'explique Vincent Garrigues. Financer un film ou sponsoriser un écrivain est un moyen d'ouvrir de nouvelles portes pour atteindre des cibles qui sont hors de leur atteinte. En Afrique, le précurseur dans ce domaine est l'Afrique du Sud dont les entreprises ont commencé à engranger le bénéfice de cette action. En France, c'est 2,5 milliards d'euros qui sont consacrés par les entreprises à cette activité. L'impact économique de l'apport de l'industrie à la culture ne doit pas être négligé en Algérie, selon les propos de Slim Othmani. Faire fonctionner une équipe de tournage d'un film, est susceptible, à titre d'exemple, de garantir un emploi à de nombreux acteurs de cette industrie, dit-il. Certaines conditions doivent être réunies avant de parvenir à cet objectif. Samir Hamouda, qui est aussi avocat d'affaires, propose la défiscalisation des montants engagés dans le mécénat.