Louable initiative que celle de l'association Espaces de Sétif que d'inviter quatre auteurs connus pour discuter à bâtons rompus avec les Sétifiens amoureux de la littérature. Mais d'abord un mot sur Espaces dirigée par Cherrad Redouane. Cheville ouvrière d'Espaces, Cherrad est un fou du livre et de la littérature au point d'aménager chez lui une bibliothèque tout aussi éclectique que riche. Beaucoup de villes lui envieraient ces milliers de livres qui font la part belle à la littérature universelle mais aussi, et c'est là où l'on voit la vision de ce précurseur, les meilleurs auteurs algériens. Lecteur insatiable, Cherrad a déjà invité à Sétif le grand sociologue Alain Touraine. Nul Sétifien n'ignore qu'Espaces regroupe l'élite culturelle de la ville, des hommes et des femmes qui ont pour point commun l'amour du livre et des écrivains. Le débat à la Maison de la culture avec Maougal, Labter, Grine et Sari va dans ce sens. Si le premier (déjà invité par la même association. Il vient juste de sortir un essai sur Camus) a parlé en spécialiste des différentes formes de critique de la littérature provoquant ainsi un chaud et passionné débat dans la salle où ses propos faisaient autorité, Labter s'est longuement étendu sur le dur métier d'éditeur. Pour lui, sur les deux cents maisons d'éditions que compte le paysage livresque algérien, seul dix maisons sont dignes de ce nom. Certains universitaires présents ont trouvé que le conférencier est tolérant. Pour eux, elles ne sont pas plus de cinq. Devinez? Grine est revenu sur son parcours et notamment Le café de Gide, l'une des meilleures ventes en Algérie. Quant à Sari, auteur et traducteur, il a parlé de la traduction, cet art si difficile et passionnant. Il est l'un des traducteurs attitrés de Khadra. La journée s'est terminée par la récitation émouvante et combien belle des poèmes de Lazhari Labter et de quelques pages de La nuit du henné de Hamid Grine. Labter a été si poétiquement sensuel qu'il a conquis toute l'assistance. Hélas! son recueil Le pied d'ébène de Bilkis sur le pavé de cristal est épuisé. Cette journée dédiée à la littérature a été un franc succès. Même si le public était composé en majorité d'universitaires. Parmi eux, certains se sont révélés d'un niveau d'érudition exceptionnel. Nous pensons à Fateh Bourboune qui dirige des ateliers d'écriture sur les oeuvres de Fatima Bekhaï et Hamid Grine.