Une réflexion serait engagée dans le développement ferroviaire du pays à l'horizon 2014. Le facteur tourisme déterminera le tracé du futur TGV Algérien (Train à grande vitesse) a déclaré, vendredi à Jijel, le ministre des Transports, Amar Tou, en marge de l'inauguration de la liaison ferroviaire commerciale par automotrice Jijel/Constantine. Le ministre a précisé qu'une «réflexion est engagée» en ce sens. Elle devrait déterminer le tracé que devra emprunter le TGV en Algérie, ou plutôt le LGV (Ligne à grande vitesse) appellation adoptée actuellement pour désigner ce mode de transport ferroviaire rapide tant attendu. Ce projet s'inscrit, rappelle-t-on, dans le cadre du développement du rail dans le pays à l'horizon 2014. Aujourd'hui, le train n'assure que 35% des déplacements Alger-Oran, contre 60% pour la route et 5% pour l'avion. La future bataille du rail aura-t-elle commencé? Qu'en est-il pour celle du fret? Pour les remporter toutes les deux, la Sntf devra engager de vastes transformations. L'installation de l'automotrice reliant Jijel à Constantine et la mise en service de 17 autorails dans différentes régions du pays offrent l'opportunité de se questionner sur le projet «TGV» qui doit être redimensionné, sachant qu'un kilomètre de voie «TGV» revient à un milliard/DA. Le citoyen algérien est convié, maladroitement, au vu des tarifs pratiqués jugés «élevés» (550 DA pour un aller-simple Jijel-Constantine), à renouer avec le rail, en hibernation depuis près d'une décennie pour «non rentabilité». Ces tarifs pourraient cependant être «revus à la baisse» pour être à la portée de tous. Mais le TGV sera-t-il pour autant économiquement rentable à court terme? La question mérite d'être posée sans les résultats de l'étude de rentabilité du projet. Une rétrospective sur ce projet nous rappelle que l'Algérie est déterminée à s'impliquer dans le secteur ultra-stratégique de la «grande vitesse» ferroviaire. Cette perspective est plus que prometteuse en Algérie qui veut faire partie du peloton de tête que sont l'Argentine, le Maroc et l'Arabie Saoudite, déjà engagés dans des projets similaires. En attendant l'engagement de pays comme l'Inde ou la Chine, à l'horizon 2020, les spécialistes pensent que les lignes à grande vitesse dans le monde, longues de 8000 km, vont doubler. Chez nous, un ambitieux programme, évalué à 120 milliards/DA, prévoit 6 LGV à court terme. La première devra relier Bordj Bou-Arréridj à Khemis Miliana; (320 km). La seconde s'étirera sur 220 km, de Oued Tlélat à la frontière algéro-marocaine en desservant les villes de Tlemcen et Sidi Bel Abbès. La troisième reliera Oued Sly à Yellel sur 100 km. Trois autres lignes à voie unique sont prévues dans le sens Nord-Sud. Ce sont des pénétrantes devant relier la rocade des Hauts-Plateaux à celle du Nord et à désenclaver de vastes régions non desservies par le rail. La première de ces lignes du Sud (160 km) reliera Touggourt à Hassi Messaoud. La seconde ira de Bou Medfaâ à Djelfa en passant par la ville nouvelle de Boughezoul et par Aïn Oussera, s'étirant sur 260 km. La troisième (180 km) remplacera l'ancienne ligne à voie étroite entre Relizane, sur la rocade nord, et Tiaret, sur celle des Hauts-Plateaux, tout en desservant, pour la première fois, Tissemsilt. Sur l'ensemble du programme LGV, soit 1 220 km, trois lignes ont déjà fait l'objet d'appels d'offres relatifs à la conception et à la réalisation. Il s'agit des lignes BBA-Khemis Miliana, Bou Medfaâ-Djelfa et Touggourt-Hassi Messaoud. Six groupes étrangers ont manifesté leur intérêt. Le français Vinci et Bouygues, l'italien Astaldi et Pizzarotti, l'espagnol OHL et enfin la société américaine Bechtel. Dans ses efforts de modernisation, la Sntf a déjà acheté 17 autorails chez le constructeur espagnol CAF pour 102 millions d'euros. En outre, l'Algérie a reçu en juillet dernier le premier lot d'une commande de 30 locomotives construites au Canada et d'un montant global de 82 millions de dollars. Un partenaire étranger devra signer un contrat de gestion et d'exploitation pour une durée de cinq ans et demi. Il travaillera avec la Société de transport ferroviaire de la banlieue d'Alger (Sntfba), filiale de la Sntf, récemment créée pour les besoins des transports urbains et suburbains de voyageurs dans la banlieue algéroise.