Au MSP «nous sommes partie prenante», au RND «pas de commentaire» et au PT, «l'amnistie ne se décrète pas». En plaidant pour un référendum sur l'amnistie générale en 2010, Farouk Ksentini a ranimé les débats sur ce dossier. Le président de la Commission nationale pour la protection et la promotion des droits de l'homme (Cnppdh) a-t-il jeté un pavé dans la mare? En tous les cas, Me Ksentini a osé rouvrir le dossier au moment où les partis politiques censés être les premiers partenaires de ce projet marquent un long silence sur le sujet en question. Dans une intervention sur les ondes de la Radio nationale, Me Ksentini s'est dit persuadé que «2010 sera l'année de l'amnistie générale». Que pensent les partis politiques d'une telle déclaration? La sortie médiatique du président de la Cnppdh a divisé les formations politiques. Au sein des partis de l'Alliance présidentielle, cette déclaration a été reçue avec une certaine froideur par le RND de Ahmed Ouyahia, alors que le MSP de Bouguerra Soltani l'a applaudie déjà. Pour le PT de Louisa Hanoune, l'amnistie n'est pas une urgence. Dans une déclaration à L'Expression, Miloud Chorfi, porte-parole du Rassemblement national démocratique, a affirmé que «nous n'avons aucun commentaire à faire sur les déclarations du Me Ksentini». Pour M.Chorfi cette question n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement. Le porte-parole du RND estime que l'urgence réside dans l'application du programme du président de la République. «Pour nous au RND, nous appliquons le Plan d'action du gouvernement et le programme du président.» Avec des termes plus clairs et directs, le même interlocuteur annonce que le projet d'une amnistie n'a pas été inscrit à l'ordre du jour du programme du gouvernement. «Nous sommes là pour appliquer le programme du Président dans lequel le chef de l'Etat s'est engagé à promouvoir la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Nous soutenons encore ce projet qui figure dans le programme du gouvernement. En ce qui concerne l'amnistie générale, au RND nous n'avons aucun commentaire à faire», a-t-il tranché. Mohamed Djemaâ, porte-parole du MSP, ne semble pas partager la même position que son allié de la coalition présidentielle. Mieux encore, le MSP exprime une position complètement différente de celle du RND en apportant son entier soutien à Farouk Ksentini. «Sans entrer dans les détails, nous sommes pour une amnistie générale», a annoncé M.Djemaâ dans une déclaration faite avant-hier à L'Expression. Pour ce dernier, le calendrier est favorable pour le passage d'une réconciliation nationale à une amnistie générale en 2010. «Le volet sécuritaire est l'un des dossiers les plus importants. Certes, la lutte antiterroriste doit se poursuivre par les moyens les plus répressifs contre ceux qui ne veulent pas se repentir, mais le passage à une amnistie générale sera une meilleure opportunité pour le rétablissement total et définitif de la paix dans le pays.» Le Mouvement de la société pour la paix soutient le fait que ce projet doit être soumis à un référendum, et il ne doit pas passer par le Parlement. «Le chef de l'Etat a consulté le peuple, qui l'a élu, à deux reprises sur la concorde civile et la réconciliation nationale, il fera certainement impliquer les citoyens qui sont directement concernés par ce projet.» Le MSP prône la politique d'une amnistie générale, mais il pose une «petite condition». Il demande que cette idée fasse l'objet d'un débat national. Selon M.Mokri, la question nécessite d'impliquer toutes les composantes de la société algérienne afin de connaître les avis des uns et des autres. «L'amnistie générale est un projet qui nécessite l'implication de toutes les composantes de la société algérienne. Il faut approfondir le dialogue sur cette question et prendre les avis des partis politiques, des syndicats et de toutes les autres forces actives du pays. Après une longue réflexion, soutenir toute initiative visant à assurer la sécurité du pays et une meilleure stabilité pour la nation», a-t-il déclaré récemment à L'Expression. De son côté, le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune exprime une autre vision des faits tout à fait différente des avis exprimés par les deux formations évoquées. Ramdane Taâzibt, porte-parole du PT, estime que «l'amnistie ne se décrète pas». Allant plus loin, le même vis-à-vis précise que l'urgence est d'ouvrir les dossiers les plus importants avant d'aller vers une amnistie générale. Parmi les questions sur lesquelles le PT demande d'ouvrir le débat figure la question des disparus. «Il faut d'abord ouvrir quelques dossiers, les discuter en toute souveraineté et dans la sérénité et sans que cela soit un obstacle pour aller de l'avant», a soutenu M.Taâztibt.