Plusieurs ONG nigérianes ont demandé hier au président Umaru Yar'adua de faire arrêter le président soudanais Omar El-Bechir, qui a été invité à se rendre jeudi au Nigeria pour une réunion de l'Union africaine (UA). Dans une lettre ouverte, la Serap (Projet pour la responsabilité et les droits socioéconomique), le Comité pour la défense des droits de l'homme (CDHR), le centre de documentation et des recherche des avocates (WARDC) et l'ONG Partenariat pour la justice (PFJ) se disent «très préoccupés par le fait que, en dépit de ses obligations internationales, notamment le traité de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI) ratifié par le Nigeria, votre gouvernement a invité le président El-Béchir» «Le Nigeria a une obligation légale d'extrader un suspect de crimes contre l'humanité et crimes de guerre et de le déférer à la CPI ou de soumettre le cas à ses propres autorités compétentes dans le même but», écrivent ces quatre organisations. M. El Bechir est recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région soudanaise en rébellion contre Khartoum depuis 2003. Les ONG soulignent que le Nigeria vient d'être élu au Conseil de sécurité de l'ONU, préside actuellement la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), ce qui lui donne une «responsabilité» et une «obligation» légales encore plus grandes de refuser de recevoir le président soudanais, de «l'arrêter et le remettre à la CPI». Jeudi, une source gouvernementale avait annoncé que l'UA avait invité le président El Bechir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, à un sommet sur le Darfour au Nigeria. Dix-huit présidents sont attendus à la réunion prévue le 29 octobre. Les grandes organisations de défense des droits de l'Homme, dont Amnesty international, demandent son arrestation s'il se rend au Nigeria. Lors d'un sommet de l'UA en juillet à Syrte (Libye), les Etats africains avaient décidé de ne «pas coopérer» avec la CPI «dans l'arrestation et le transfert» de M. El Bechir, en estimant notamment que la demande de la Cour sapait «les efforts déployés en vue de faciliter un règlement rapide du conflit au Soudan».