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Entre marchandage et flânerie...
14E SILA
Publié dans L'Expression le 31 - 10 - 2009

la 14e édition du Salon international du livre connaît une forte affluence. Jeudi après-midi, jour ensoleillé, le chapiteau est bondé de monde...
Les stands des livres religieux sont bien achalandés et fortement fréquentés. Un petit tour d'horieon nous conforte dans cette impression. L'esprit est au marchandage, style marché de gros. Exemple: trois reliures du cheihk Mohamed El Mesri, coûtent 1500 DA tandis que sept du cheikh Mohamed Hassan, coûtent 2500 DA. Qui dit mieux? A côté, le stand de Dar El Farabi opère une réduction de 20% pour les livres spécialisés.Un livre de droit coûte en moyenne 1800 DA. Le représentant commercial de ce stand nous explique la cherté des prix des livres par celui de l'assurance du transport des marchandises et nous renvoie aux nouvelles procédures de transaction relatives à la loi de finances complémentaire qui ont changé. Si certains admettent les réductions, du côté des éditions Chihab, ceci est prohibé, pour ne pas pénaliser le libraire qui, lui, travaille avec le livre durant toute l'année comme nous l'a souligné Yasmina. Côté nouveautés chez Chihab, on notera Parcours d'un militant, les mémoires de Mohamed Merchati (550 DA), Liban de Yamilé Ghbealou, roman à 450 DA, Passage de larmes de Abderrahmane Ouabiri (450 DA), le passé devant soi de Gilbert Gatoré (450 DA), aussi L'Amante de Rachid Mokhtari. En somme, des prix abordables. Aujourd'hui, nous apprend-on, Chihab accueillera un nouveau livre au prix symbolique de 200 DA, un recueil de nouvelles qui célèbrera les 20 ans de Chihab. Sept auteurs y ont participé, on cite: Chawki Amari, Kamel Daoud, Khaled Bouali, Yamilé Ghebalou, Rachid Mokhtari, Hamid Skif et Abderrahmane Ouaebri. Côté Sédia, de grands noms de la littérature ainsi que des titres qui ont rencontré un franc succès dans différents pays sont disponibles sur le stand.Six nouveaux titres dans les deux collections Mosaïque et Essai Sedia sont discernables. On cite Le rapt d'Anouar Benmalek, au prix de 1000 DA, Dites-moi bonjour d'Azouz Begag (700 DA), Le chaos des sens d'Ahlam Mesteghanemi, Le dérèglement du monde d'Amin Maâlouf, L'avenir de l'eau d'Erik Orsenna et enfin Penser le Coran de Mahmoud Hussein. Du côté de Casbah éditions dont le stand offre un belle vue au milieu de l'allée B, de nouveaux livres sont disponibles, nous informe Sebaoun Saïd. Il citera, notamment en histoire La République impériale d'Olivier Lecour Gradmaison, Akfadou de Hammou Amirouche, des romans tels Island dream de Mohamed Magani, aussi des ouvrages universitaires, des parascolaires pour enfants en arabe et en français. «Nos prix sont très raisonnables. Au niveau de la caisse, il y a toujours des remises», souligne-t-il. Du côté de Gallimard, cette fois, l'enthousiasme est moindre malgré la forte affluence des acheteurs. Ici on y trouve des livres de poche Folio, des pléiades, des beaux livres, des classiques indémodables et..des ouvrages qui ont fait la rentrée littéraire en France, notamment le célèbre Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye, au prix de 1960 DA. Des petites réductions sont faites et des cadeaux sont offerts aux enfants, nous dit-on (genre montres, carnets secrets pour les filles, coloriages, bobs etc.) Malika Jendoubi, représentante de Gallimard en Afrique nous confie son malaise: «Il y avait tellement d'incertitudes sur l'organisation du Salon qu' on n'a pas pu envoyer les livres à l'avance. On en ramené le tiers. Au lieu du bateau on a dû les envoyer par avion, ce qui coûte très cher.Les livres sont vendus ici à perte. Parce que le coût de location du stand, du transport et de la gestion fait que les livres sont vendus vraiment à perte. On a fait un effort spécial pour l'Algérie. On est franchement pas aidé. Tout a été fait à la dernière minute, donc on était obligé de tout acheminer par avion qui coûte 10 fois plus cher que le bateau. Un folio que vous allez vendre 5 ou 6 euros et qui vous coûte 1 euro de transport, qu'allez-vous gagner? Surtout que vous n'allez pas le vendre au prix normal. Les gens ne comprennent pas. De toute façon, on ne va pas leur raconter notre vie..»
La salle El Qods qui connaît des tables rondes a abrité, pour sa part, jeudi, un récital poétique avec divers poètes arabes arabophones. Interrogé sur l'état culturel dans son pays, Ahmed Yaâcoub, poète palestinien vivant à Ramallah a accepté de se confier: «Ramallah est une belle ville, qui n'est pas colonisée mais encerclée bien entendu. Elle respire la vie après cette indépendance somme toute relative grâce à l'Autorité palestinienne. C'est en quelque sorte la capitale culturelle de la Palestine dans laquelle se déroulent énormément de manifestations culturelles, que ce soit au théâtre, au cinéma etc. La seule chose qui manque en Palestine, est le mouvement de la critique artistique et culturelle. Nous sommes, d'une certaine façon, toujours colonisés par le fait d'une culture imposée à la population, c'est pourquoi la création cultuelle en Palestine est dure et difficile. Nous redémarrons à zéro. Ce qui marche le plus, est le terroir et le folklore, sauf que ces derrières 10 années nous assistons à une relance dynamique de l'activité culturelle qui est entrée dans les écoles et suscitent de nouveaux courants intellectuels et, notamment littéraires. Mais le politique envahit la vie de tous les jours, nous poussant parfois à réfléchir non de façon poétique, mais politique. Or, moi je veux exprimer autre chose que cela. Ceci est ma liberté de penser. Je veux parler des non-dits, de l'amour etc. De toute façon, le pouvoir politique ne nous demande pas notre avis. Mais le ministère de la Culture organise pas mal d'activités.» Du côté du stand Esprit Panaf, il est proposé chaque jour de 16h à 18h des séances de peinture avec un artiste africain. Affable, la Haïtienne mais «Béninoise de coeur», auteur d'Aimé Césaire et Haïti, Elvire Maurouard, nous fait remarquer: «Je me réjouis d'être ici, toujours avec le même esprit qui anime le deuxième Panaf que je considère comme une épopée, car il célèbre l'union du continent et la créativité africaine. Je suis très enthousiaste de rencontrer, de nouveau ces jeunes et ces auteurs. L'Afrique nous invite à consolider nos racines et nous réconcilier avec le passé. Ce Salon comme le Panaf sert à cela et je m'en réjouis.» Abordé par un monsieur, celui-ci nous dit: «Ils n'ont pas pris en compte notre degré de pouvoir d'achat, les prix restent élevés». Le Salon ne désemplit pas...


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