La problématique de la critique littéraire et celle de sa spécificité ont été posées au cours d'une table ronde organisée samedi soir dans le cadre du 14e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tient du 27 octobre au 6 novembre. «Y a-t-il une critique littéraire maghrébine?», s'est interrogé, dans son intervention, le professeur Abdelkader Bouzida, de l'université d'Alger, estimant que «cette critique existe», mais qu'elle a «une certaine spécificité par rapport à la critique littéraire du Proche-Orient». «Cette spécificité se remarque dans la réalité de la production littéraire en arabe, en français et en tamazight», a-t-il expliqué, ajoutant que «cette spécificité n'est pas nouvelle mais qu'elle nous vient de l'histoire». «D'une manière générale, le Maghreb s'est développé indépendamment du reste de l'empire musulman, jusqu'à un certain point», a indiqué le conférencier, soulignant qu'«une certaine spécificité caractérise depuis longtemps la culture, au sens général, produite dans cette région». Le professeur Abdeljalil El Azadi du Maroc, a posé, quant à lui, la problématique de «l'adaptation des courants critiques littéraires occidentaux à la réalité littéraire et culturelle du monde arabe». Il a déploré que les critiques du monde arabe reprennent les méthodes d'analyse de la littérature mises au point en Occident telles quelles. «Cela ne permet pas de faire ressortir les spécificités littéraires des pays maghrébins», a-t-il dit. «On a l'impression que ces discours critiques parlent d'une réalité autre que la nôtre», a relevé Abdeljalil El Azadi, ajoutant qu'«une bonne partie de ces critiques donne l'impression de ne pas connaître les soubassements philosophiques et épistémologiques de ces courants critiques occidentaux». Le Dr Ahmed Menour, de l'université d'Alger, a estimé, pour sa part, qu'il n'y a pas de frontière dans le domaine des connaissances humaines et que les critiques du Maghreb «doivent tirer profit» des courants critiques et des méthodes d'analyse moderne à l'ère de la mondialisation. «Toute la question est de savoir comment mettre à profit ces acquis de la pensée humaine pour étudier la réalité de notre littérature», a-t-il estimé.