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Un acquis qui mérite d'être relevé
FESTIVAL NATIONAL DU THEÂTRE AMAZIGH
Publié dans L'Expression le 13 - 12 - 2009

«Notre objectif est d´apporter un plus à cet art Eveil, en le hissant au niveau de toutes les couches sociales», a expliqué Ali Abdoune.
Cette première édition récoltera sûrement des succès énormes malgré la faiblesse de la production théâtrale en tamazight et le peu de scénaristes en la matière. Mais l'acquis qui mérite d'être relevé, est sans doute l'affluence du public depuis l'ouverture de ce nouveau-né tant attendu sur l'échiquier du 4e art.
Les Batnéens n'étant pas accoutumés à ce genre de manifestations, il était fort à craindre une désertion de leur part.
Le fait qu'ils soient présents et avec force est le signe que l'espoir est vraiment permis et que le théâtre d'expression amazighe a encore de beaux jours devant lui. Des spectacles de qualité sont promis par les participants, maîtrisant bien leur sujet apparemment, sur les planches. Donc, le rendez-vous est donné pour toute la durée de ce festival qui s'achèvera le 18 du mois en cours et qui permettra aux spectateurs d'apprécier la bonne qualité des pièces proposées dont les thèmes sont étroitement liés au quotidien des Algériens, comme indiquaient leurs titres respectifs. Enthousiastes, ces jeunes comédiens! Pour preuve, les premières représentations de cette 1ère édition du Festival national du théâtre amazigh, qui mettra en compétition les troupes participantes, répondent au souci de faire évoluer notre théâtre vers davantage de qualité aussi bien sur le plan du texte que sur celui de la forme.
Loin d'en faire un simple et plaisant amusement, la troupe de l'association Ibturen de Larbaâ Nath Iraten, de la wilaya de Tizi Ouzou, mêle à la puissance des sentiments, la brutalité d'une ère emplie de tragédies. Tacharet n'hand n' djeddi est le titre de la pièce, dont le texte original est de Ameziane Khezza, adaptée par la troupe et mise en scène par Mokrab Elias. Ainsi, l'auteur a fouillé dans les histoires du terroir pour ajouter une touche artistique, tels les récits historiques, les légendes, les mythologies et les contes populaires. Cette pièce relate l'histoire de Hand, un jeune orphelin chômeur, tirant sa charrue tout au long de la journée, parcourant les ruelles de la petite ville de l'ex-Michelet (Aïn el Hammam). Personne ne faisait attention à lui, le prenant pour un débile, jusqu'au jour, où l'attention du maire a été attirée par cet énigmatique individu, traînant sa charrue, enveloppant ses affaires dans une bâche. Alors, le doute s'installe et les intimidations commencent à son égard. Avec les chants, la musique et la danse qui font partie intégrante du spectacle.
Le jeu est exécuté avec enthousiasme et laisse la place aux piques et autres parenthèses...Il n'existe aucun environnement propice à la démocratie sous le régime des sanctions. Vu l'ignorance qui régnait durant, et la destruction de toutes les valeurs de justice, de liberté et d'égalité, l'acteur principal de la société, qui est l'homme, subit encore...
Un sentiment terrible, celui d'être rejeté par tout le monde. Quant à la troupe de l'association culturelle et scientifique Aghbalu de Tizi Ouzou, elle a marqué sa présence et sa contribution à un tel événement avec la pièce Wid Izaren Lemlah (les semeurs de sel), écrite et mise en scène par Ali Abdoune. Celle-ci résume une très belle histoire du projet de formation en théâtre grâce au soutien de la Commission européenne.
Les costumes sont éclatants et insolites: inspirés de diverses occasions qui définissent chaque situation du cauchemar, dans laquelle chaque spectateur s'est retrouvé. Les plus jeunes, les passionnés, les habitués du 4e art et ceux qui étaient là par hasard, peut-être pour la première fois.
Ce rêve est revisité par vingt-cinq comédiens qui en font un feu d'artifice de bonne humeur et de rire. Mais le rire et la malice s'insinuent partout dans la pièce. Wid Izaren Lemlah, pantomime, masques, farce, la mise en scène mêle tous les registres y compris dans les scènes avec chant, du chant insolite pour réaliser une fantaisie déchaînée et divertissante qui n'a pas peur des anachronismes. «Notre objectif est d´apporter un plus à cet art Eveil, en le hissant au niveau de toutes les couches sociales et le 4e art doit atteindre et même dépasser les premières attentes de la société, même s'il faut briser les tabous car toutes les définitions et les valeurs ont changé de sens», explique Ali Abdoune.
Le Théâtre régional de Batna, pour sa part, nous a proposé sa contribution à un tel événement avec la pièce Algham Abouhali, écrite par Salah Saïfi et mise en scène par Salah Boubir. Celle-ci résume une très belle histoire qui correspond à l'actualité. Comme le malheur ne vient jamais seul, un couple se met de la partie en se mettant dans une situation assez confuse, imaginez la suite... En fait, il semble que les comédiens aient appris par coeur des pans entiers des scénarios issus de nouvelles, de comédies antiques et d'oeuvres littéraires relatant des faits d'actualité. Négociant avisé, il est cependant mêlé à de médiocres intrigues...Dans la dynamique simpliste des scénarios de la comédie, il ménage un suspense qui fait rire. Soupçonneux qu'ils sont en même temps prudents, parfois naïvement confiants, ils portent des masques...
Le théâtre nous offre un champ d'étude privilégié pour la conception d'espaces destinés à établir des relations entre émetteur et récepteur en élargissant ceux destinés à des contacts, à des échanges et à la représentation, autrement dit, faire un travail de conviction. Vu ces premières représentations, ces amateurs nous promettent du vrai spectacle qui n'a rien à envier à celui des professionnels! La concurrence sera rude!


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