Qui, du jeune loup ou du vieux lion sortira vainqueur du combat qui vient de s'engager? La décision prise par le FFS de participer aux élections locales, en porte-à-faux avec le mot d'ordre du mouvement citoyen, en a surpris plus d'un. Ce parti, vieux routier de la politique, qui a vécu la lutte armée, les maquis post-Indépendance et la clandestinité, a dû longuement mûrir sa décision avant de se lancer dans la mêlée. Le FFS, sans nul doute, est rompu à ce genre de manoeuvres. Il a dû peser mûrement le pour et le contre. Très bien implanté dans la région, bénéficiant de militants chevronnés et hautement politisés, le FFS sait qu'il est le seul à pouvoir faire pencher la balance en faveur de l'intégrité nationale quitte, ce faisant, à contracter une sorte d'alliance tacite avec la présidence de la République avec, à la clé, une participation au forceps aux élections locales prévues pour le 10 octobre prochain. Les ârchs, de leur côté, ont l'air d'être un mouvement en train de s'essouffler. Leur radicalisme, rompu à toute épreuve, a fini par lasser une partie non négligeable de la population de Kabylie. En effet, le pourrissement auquel est arrivée la région n'a guère servi ce mouvement. Toutes les mesures de détente prises par la présidence sont venues se briser sur le roc de la plate-forme d'El-Kseur, décrétée scellée et non négociable. Le climat d'insécurité, la récession économique, la fuite des investisseurs et la montée en puissance des radicalistes du MAK ont suffi à tempérer l'engouement issu de la naissance de ce mouvement fédérateur et transpartisan, au lendemain du tragique assassinat du jeune Guermah Massinissa. Le combat s'annonce donc inégal entre le vieux lion, Hocine Aït Ahmed et le jeune loup, Belaïd Abrika. L'un a pour lui une histoire très riche et un passé de militant sans faille, l'autre débarque tout droit du néant. Il a suivi un parcours chaotique, privilégiant un discours radical, n'ayant que peu de chance de rassembler autour de lui l'ensemble des citoyens de la région. Ce qui a le plus handicapé ce mouvement, c'est le fait qu'il se soit intéressé d'un peu trop près à la politique alors qu'il était censé transcender ce genre de clivages. Le boycott des législatives du 30 mai dernier a vite fait d'être suivi d'un second appel à un second rejet, donnant l'air que c'est la seule arme qui reste entre les mains de ce mouvement. Sans doute n'en fallait-il pas plus pour faire fuir une bonne partie des cadres sincères de ce mouvement, ne comprenant pas cet entêtement, au moment où le pouvoir relâche tous les détenus et demande, sans délai, l'ouverture d'un dialogue sans le moindre préalable, ni tabou, pour la satisfaction de tous les points contenus dans la fameuse plate-forme. Cette forme de radicalisme de mauvais aloi, sert les intérêts des «séparatistes» du MAK alors que le mouvement citoyen, lui, donne l'air de ne plus savoir où donner de la tête, ni quoi revendiquer d'autre. Le bras de fer se terminera forcément au désavantage de l'un et au profit de l'autre. Même si le FFS est donné favori à plus d'un titre, les mauvais coups du sort en politique ne sont jamais à exclure totalement. D'autant que le RCD, qui n'a pas encore dit son dernier mot, serait derrière la campagne d'intox visant à faire accroire que le FFS pourrait revenir sur sa décision de prendre part aux élections locales sous la pression du mouvement des ârchs. Le bras de fer ira en s'intensifiant dans les jours et semaines à venir. Tous les coups, ou presque, y seront permis. Même si la mise en quarantaine qui avait frappé les candidats et élus du PT ne sera pas à l'ordre du jour à cause de l'implantation trop importante de ce parti dans la région, les scénarios les plus graves et les plus improbables restent toujours à l'ordre du jour.