Alors que la météo prévoit pour ces prochains jours une accentuation du froid, des familles vivent toujours sous des tentes aménagées. Le porte-parole du comité des familles expulsées n'a pas mâché ses mots en qualifiant le wali d'Alger de «menteur». Et pour cause, ce dernier a, lors d'une récente sortie médiatique, déclaré qu'il n'y avait pas de famille à la rue en cet hiver. Chose que le comité a tenu à démentir. «On ne sait pas sur quoi le wali s'est basé pour tenir ces propos (...) Il faut que le wali prenne ses responsabilités, il y a des gens qui vivent sous des tentes en cet hiver», a déclaré Hakim Salmi. Et de marteler: «Il a fait des déclarations sans avoir de preuves(...) Rien qu'au niveau du comité, il y a 129 dossiers réceptionnés depuis le mois de juillet dernier.» Amir Mounir, membre du comité, a, pour sa part, du mal à digérer une autre réflexion du même responsable qui disait que «la justice est au-dessus de tous». Il a ainsi répliqué: «Il est vrai que la justice est au-dessus de tous, mais il ne faut pas oublier qu'il y a parfois des erreurs.» Il a ensuite conclu: «Mais le wali aussi n'est pas au-dessus des lois, notamment celle du 6 juillet 1988, article 34. Cette dernière stipule que le wali est dans l'obligation de répondre au courriers de réclamation des citoyens.» Sur leur lancée, les intervenants ont appelé l'Etat à entreprendre les mesures nécessaires afin de contrer ce phénomène qui est en expansion. «Nous demandons à ce que l'Etat vote une loi interdisant les expulsions en hiver; nous demandons aussi d'intégrer les familles expulsées dans le programme de relogement de 2010 et nous appelons à la mise en place de centres d'accueil pour les familles expulsées», a déclaré hier, le porte- parole du comité. Ce dernier a longuement insisté sur la nécessité d'établir une «trêve hivernale» en ce qui concerne les expulsions. «Il y a des familles qui ont été jetées à la rue en plein déluge, ces familles sont obligées de vivre dans des tentes avec les basses températures de ces derniers jours», a-t-il dénoncé. Et pour illustrer ses arguments, M.Salmi a invité un père de famille à exposer son cas. Ce dernier, expulsé au mois de décembre dernier, affirme: «Nous avons été jetés dehors alors qu'il pleuvait à torrents (...) nous avions installé une tente sur le trottoir, mais la police est venue nous expulser, nous avons dû installer notre tente sur la terrasse, au-dessus de ma belle-famille.» Il a ensuite ajouté: «J'ai des enfants en bas âge, et trois autres qui sont scolarisés (...) Les malheureux reviennent de l'école complètement trempés par la pluie pour rentrer dans une tente encore plus mouillée et plus froide que l'extérieur (...) Même ma femme cuisine avec un parapluie pour ne pas être trempée.» Une situation qui n'a pas manqué de susciter de vives réactions chez le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, Hocine Zehouane. Ce dernier a alors appelé à «une refondation de la politique de logement». Le porte, parole du comité, de son côté, n'a pas exclu de «sortir dans la rue», autrement dit, de «protester» dans le cas où aucun effort dans la prise en charge de leurs doléances n'est constaté.