Prévu pour le 22 mai de cette année, le renouvellement du Parlement afghan, le deuxième depuis la chute du régime taliban en 2001, est repoussé au 18 septembre prochain. Les prochaines élections législatives en Afghanistan - les secondes depuis la chute des taliban fin 2001 - ont été reportées hier au 18 septembre en raison de l'impossibilité logistique de les organiser en mai et de l'insurrection qui ne cesse de gagner du terrain. Le président Hamid Karzaï accumule les revers depuis sa réélection controversée après le scrutin le 20 août, marqué par des fraudes massives. Plus de cinq mois après, il ne dispose toujours pas d'un gouvernement au complet, l'Assemblée nationale n'ayant approuvé péniblement que 14 des 25 ministres qu'il proposait. C'est dans ces conditions difficiles qu'il se rendra le 28 janvier à Londres à une conférence sur l'avenir de l'Afghanistan, pour trouver soutien financier et aide dans la lutte contre l'insurrection. «La Commission électorale afghane a décidé, en raison des problèmes de financement, des problèmes de sécurité, des incertitudes, du défi logistique et pour améliorer le processus électoral dans le pays (...) d'organiser les élections le 18 septembre 2010», a déclaré Fazal Ahmed Manawi, un responsable de la Commission électorale indépendante afghane (IEC). Le scrutin était initialement prévu le 22 mai. M.Manawi fait référence à la difficulté à organiser un scrutin dans un pays très largement dépourvu d'infrastructures et soumis à la rigueur de l'hiver. La campagne électorale et les mouvements des candidats comme des responsables de la Commission électorale auraient été compliqués par les conditions météorologiques dans un pays très montagneux. Par ailleurs, l'insurrection, autrefois circonscrite au sud du pays, ne cesse de gagner en terrain et en intensité, notamment dans l'est et le nord. Le représentant spécial de l'ONU à Kaboul, Kai Eide, a reconnu qu'il aurait été «extrêmement difficile» d'organiser le scrutin dans les délais impartis. Le report «va permettre d'apporter les améliorations nécessaires au processus électoral en partant des leçons apprises pendant les élections présidentielle et provinciales de 2009», a ajouté M.Eide. Fin décembre, le gouvernement s'était dit déterminé à organiser le scrutin le 22 mai 2010 et même à le financer si la communauté internationale, échaudée par la présidentielle d'août dernier, refusait de payer. Selon la Constitution afghane, le scrutin devait se dérouler entre 30 jours et 60 jours avant la fin de la législature actuelle, qui s'achève le 22 juin 2010. La Commission électorale n'a pas précisé si les députés continueraient à siéger au-delà du terme de leur mandat jusqu'à l'organisation des élections. Les précédentes élections législatives s'étaient déroulées en septembre 2005. Deux autres scrutins (les présidentielles de 2004 et 2009) ont eu lieu en Afghanistan depuis l'intervention militaire internationale qui a chassé les taliban du pouvoir à la fin 2001 et installé un gouvernement pro-occidental à Kaboul, soutenu par des troupes étrangères. Toutes ces élections ont été financées par la communauté internationale, notamment par l'ONU et les Etats-Unis. L'élection présidentielle d'août dernier, couplée à un scrutin provincial, avait coûté 300 millions de dollars. Après le scrutin du 20 août, entaché de fraudes massives, d'une faible participation et d'attaques rebelles, diplomates et observateurs occidentaux avaient exprimé leurs craintes que la prochaine élection ne se déroule dans les mêmes conditions. Les dissensions au sein de la représentation de l'ONU à Kaboul avaient éclaté au grand jour avec un conflit ouvert entre le numéro 2 de l'organisation, l'Américain Peter Galbraith, qui avait accusé son chef, Kai Eide, de fermer les yeux sur les fraudes. Hamid Karzaï avait finalement été déclaré vainqueur le 2 novembre après le retrait de son rival Abdullah Abdullah avant le second tour. Dans la foulée, les pays occidentaux ont accentué leur pression sur Hamid Karzaï et exigé des réformes et une véritable lutte contre la corruption.