«Le Raïap est un genre typiquement algérien, c'est celui de notre jeunesse qui endure, c'est en quelque sorte la culture de la rue et de notre quotidien», a expliqué Halim HTM. «H'chicha talba m'aïcha». Voilà le mot d'ordre de ce groupe de musique Raïap qui nous emmène au bout de la réalité de notre vécu. Ce groupe, composé de deux chanteurs de différents styles qui mélangent les différents thèmes pour éveiller les consciences mais aussi pour faire danser. Il s'agit du rappeur Halim HTM, originaire de Bordj Bou Arréridj, ayant déjà à son actif deux albums intitulés Première génération de la musique raïap et Algeriano, un véritable succès auprès du grand public, auquel il est essentiellement destiné. Quant à Tarek Abbadla, originaire de Guelma, ce jeune artiste au look rocker, a fait ses débuts dans la chanson raï, ayant à son répertoire deux albums intitulés Kelmat Nabghik et Ana El Ghaltane. Ils se sont rencontrés dans le cadre du Festival national de la musique actuelle qui s'est déroulé à Guelma. C'est à partir de cette rencontre que les deux membres ont décidé de réunir leur talent pour former le groupe. Le hasard fait donc bien les choses, puisque c'est à force de se croiser dans les concerts et soirées qu'ils décident de produire quelque chose en duo. Mélangeant ainsi les genres pour éveiller les consciences, mais aussi pour faire danser. Leur moyen d'expression est le raïap. «C'est la musique que nous écoutons depuis toujours», explique Halim. Maniant admirablement la parole, il est loin de l'étiquette du rappeur voyou. Il exprime cet engouement pour le raïap: «Le raïap est un genre typiquement algérien, c'est celui de notre jeunesse qui endure, c'est en quelque sorte la culture de la rue et de notre quotidien. Il est compris par les jeunes qui passent une bonne partie de leur vie dans la rue.» De son côté, Tarek Abbadla nous explique que «le raïap est un véritable état d'esprit. On a adopté ce style de musique à notre réalité. Il nous permet d'aborder nos problèmes. Nous n'imitons pas, nous innovons tout en restant dans notre contexte». Les deux membres du groupe piochent aussi dans les racines populaires de l'Algérie et de leur histoire. «C'est une musique populaire, revendicative et festive si on ne veut pas se coller d'étiquette particulière», ont-ils expliqué. C'est surtout sensibiliser les Algériens avec toute leur diversité à s'unir, prenant ainsi l'exemple de notre Equipe nationale qui a pu unifier ce peuple et donner des moments de joie. Ce groupe fait une musique sincère pour réveiller les consciences. Il revendique une Algérie plus juste, plus égalitaire et plus ouverte. En ces temps politiques, leurs mots résonnent et délivrent un message humaniste, porteur d'espoir, qui donne à réfléchir, dressant un constat sans concession. Leur album précité est un pamphlet contre un système politique inégalitaire, mais donne le ton très rapidement, des moments festifs, chaleureux et de partage. Dans le rap, les horloges tournent à la vitesse de l'éclair. Les jeunes générations qui battent le pavé des cités ne se sont pas fait prier pour s'adosser aux murs. Ils ont fait de la scène leur ligne d'horizon. Ils s'y nourrissent de leurs humeurs, de leurs frictions, de toutes les ferveurs et tensions qui les entourent. Leur cohésion, ils l'ont forgée dans la folie furieuse d'exister.