La mainmise de la France sur certaines parties du continent africain est remise en cause par Messahel. «Il faut lire entre les lignes.» C'est le seul commentaire à avoir été fait par Abdelkader Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines africaines à propos de la libération par le Mali de terroristes recherchés par l'Algérie. Le ministre n'a rien voulu dire d'autre lorsqu'il a été interrogé par la presse en marge d'une réunion de l'Union des conseils économiques et sociaux africains à Alger. Messahel a dit qu'il fallait s'en tenir aux termes des communiqués rendus publics précédemment par le gouvernement. Sa recommandation de lire entre les lignes ne laisse pas de doute sur ses intentions. On pourrait supposer que l'ire du gouvernement n'est pas uniquement motivée par l'attitude du gouvernement malien mais aussi par les pressions opérées par Paris à l'encontre de ces autorités afin de relâcher les terroristes et de faciliter de la sorte la libération d'un otage français. Cette manoeuvre de la France entrave, à coup sûr, la quête des Africains à faire de leur continent une entité empreinte de paix et de sécurité. C'est d'ailleurs la priorité des gouvernements africains, a affirmé Messahel lors de son intervention à la séance inaugurale de l'assemblée générale de l'Union des conseils économiques et sociaux et des institutions similaires en Afrique. Selon le ministre, délégué même l'aide des pays partenaires, destinée à l'Afrique doit obéir à cet impératif. Il préconise qu'à l'avenir, il n'y ait plus de pré carré réservé à certains pays ou à certaines entités en citant explicitement le cas de la France. L'Union européenne et d'autres entités doivent aussi se soumettre à cet impératif de ne prodiguer leur aide que dans le cadre des priorités africaines. Mais cette quête d'un continent plus sûr, fait appel à d'autres impératifs comme celui de démocratiser les institutions. A titre d'exemple, le ministre souligne l'importance des Conseils constitutionnels. Actuellement, les efforts sont dirigés vers la préparation d'une réunion mondiale de ces institutions qui se tiendra en 2011 au Mexique. Le ministre s'est aussi montré optimiste pour ce qui est du rétablissement de la légalité constitutionnelle au Niger. L'Union africaine ne fait pas que constater et condamner les coups d'Etat. Elle contribue à rétablir la légalité dans plusieurs pays, a-t-il souligné. A côté de la sécurité et de la démocratie, le troisième défi identifié par Messahel est celui du développement. A ce sujet, il déclare qu'une Assemblée générale de l'ONU sera tenue en 2010 pour faire le point sur l'initiative appelée les Objectifs du Millénaire, avant l'échéance de 2015 dans la perspective de réduire la pauvreté de moitié. Le prochain sommet du G8 prévu au Canada est aussi évoqué par Messahel pour qui cette étape est importante, car elle doit servir à évaluer les aides apportées par cette organisation plusieurs années après les promesses faites dans ce même pays. La session d'hier a également été réservée à des questions statutaires. Il a été enregistré l'adhésion de trois pays à l'Union des conseils économiques et sociaux. Il s'agit de ceux de la République centrafricaine, du Burundi et de la Mauritanie. Le président du Conseil national économique et social, Mohamed Seghir Babès, a mis l'accent, lors de son intervention, sur le rôle que jouent ces institutions dans le dialogue entre les différentes composantes des nations.