Malgré une aide de 3 milliards de dollars par an, l'agriculture n'arrive pas à nourrir les Algériens. Trois milliards de dollars est le montant de l'aide annuelle accordée à l'agriculture. A cela s'ajoutent deux milliards de dinars consacrés à l'effacement des dettes des agriculteurs. C'est le prix à payer pour nourrir 35 millions d'Algériens. Mais l'argent n'est pas tout. Alors, le ministère de l'Industrie a initié une stratégie pour la période 2010/2014 afin de renforcer les capacités de production dans la filière de l'agroalimentaire. C'est ce qu'a indiqué hier, Mohamed Bacha, le directeur général de l'Intelligence économique, des études et de la prospective auprès du ministère lors d'un briefing à Alger. La sécurité alimentaire demeure un thème préoccupant. Lors des premières Assises de l'industrie agroalimentaire nationale tenues à Alger le 23 de ce mois, il a été établi que depuis 1962, les besoins alimentaires nationaux par jour, ont été multipliés par 7,5. En même temps, la production alimentaire nationale a été multipliée par 4,5. Le complément est assuré par les importations. L'un des objectifs de la stratégie de la filière agroalimentaire est de permettre à la production nationale de se substituer aux importations. Les exportations, quant à elles, devraient bénéficier d'une promotion, a expliqué le directeur général de l'Intelligence économique des études et de la prospective. Mohamed Bacha a ajouté que les importations algériennes en produits alimentaires commencent à baisser. Elles sont représenté 4,53 milliards de dollars entre janvier et septembre 2009, contre 6,15 milliards de dollars durant la même période de 2008, soit une baisse de 26,26%, selon les chiffres officiels. L'Algérie ambitionne même de ramener les exportations agroalimentaires à 1,2 milliard de dollars en 2014. Elles sont de 10 millions de dollars annuellement, ces dernières années. Pourtant, même le marché local a besoin d'être approvisionné correctement. Si l'on prend l'exemple de l'huile, M.Bacha souligne que l'Algérie a des potentialités d'exportation dans ce domaine. En même temps, la consommation par habitant est passée de 3 kg à 1,3 kg entre 1962 et 2008. Aussi, le directeur général de l'Intelligence économique, des études et de la prospective a présenté les grands axes de la stratégie nationale d'appui aux industries agroalimentaires qui sera mise en oeuvre avant fin 2010 jusqu'à 2014. Ils ont trait, entre autres, à l'intégration de la production nationale et sa substitution aux importations, la promotion des exportations et le positionnement des produits à l'international ainsi que le renforcement des compétences et des qualifications au niveau des industries agroalimentaires. Le plan permettra d'accroître de 10 points la contribution des industries agroalimentaires au PIB industriel en la faisant passer de 50% en 2009 à 60% en 2014. Il s'agit aussi de réaliser au moins 5000 contrats industriels-agriculteurs par an. Le plan vise également à densifier le tissu industriel à travers la création de 500 entreprises entre 2010 et 2014 et la création de 100.000 emplois jusqu'à 2014. Le problème des normes est aussi abordé par le conférencier. Le programme vise à mettre à niveau aux normes ISO, 500 entreprises dont 200 éligibles aux opérations d'exportation. Il s'agit aussi de multiplier par 10 les exportations et de renforcer ces capacités par la création de 5 consortiums d'exportation à l'horizon 2014. Le programme contient 17 fiches d'orientation et 50 actions pour sa mise en oeuvre. La transformation et l'encadrement du marché ne sont pas négligés. M.Bacha a ajouté qu'il y a un projet de création d'un conseil national des industries agroalimentaires qui regroupera toutes les parties prenantes afin de participer à la définition, la mise en oeuvre et l'évaluation des politiques publiques. En 2014, il y aura une évaluation d'étape afin de mieux se préparer à l'ouverture totale du marché dès l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange avec l'Union européenne, a jouté le conférencier. Nombreux ceux qui considèrent que l'ouverture massive au marché mondial a favorisé les importations de produits de toutes sortes au détriment des produits locaux.