Un plan chasse l'autre, alors que les résolutions de l'ONU demeurent en attente d'application. Le dernier plan de paix à avoir été exhibé est celui préparé par la présidence danoise de l'Union européenne, prévoyant l'érection d'un Etat palestinien «provisoire», (pourquoi provisoire?), d'ici à 2003, avec deux années de probation. Ce nouveau plan, qui ne se remarque pas par son originalité, non seulement ne va pas au fond des choses, se contentant d'avancer des propositions, déjà faites en maintes circonstances, et surtout peu fiables en l'absence de l'exigence du retrait sans conditions d'Israël des territoires palestiniens occupés. Un plan de paix ne comportant aucune contrainte pour l'occupant israélien, a peu de chances d'aboutir si l'on relève qu'il est d'abord question de l'occupation par Israël de territoires, que les Nations unies reconnaissent comme palestiniens. Evidemment on n'impose rien à l'Etat hébreu, les pressions étant réservées aux seuls Palestiniens. Ces derniers réagissant par la voix de leur principal négociateur, Saeb Erakat, ont fait savoir, lundi, qu'il fallait d'abord faire appliquer par Israël les nombreuses résolutions sur le dossier proche-oriental, notamment les résolutions 242 et 338 de 1967 et de 1973 lesquelles exigeaient le retrait israélien sans délai. Trente-cinq ans après, Israël est toujours solidement implanté dans les territoires palestiniens, réoccupant même la totalité des territoires autonomes. C'est surtout celle-là la réalité. En outre, le plan danois, approuvé en début de semaine par l'Union européenne, pèche par un fait rédhibitoire, l'absence de référence aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, clé de toute instauration de la paix au Proche-Orient. Aujourd'hui, le peuple palestinien dans son ensemble est prisonnier sur son propre territoire, personne ne pouvant bouger sans l'autorisation de l'armée d'occupation israélienne. Il en est ainsi du président Yasser Arafat, prisonnier de fait, depuis le 3 décembre dernier, à Ramallah, qu'il ne peut quitter sans crainte de ne pouvoir y retourner. Dans ce contexte, le quotidien israélien Maariv indiquait dans sa livraison de dimanche, citant une importante source politique, que «Yasser Arafat a voulu vérifier ces derniers jours si Israël était prêt à lui permettre de se rendre en Europe et la réponse a été qu'il serait autorisé à décoller pour l'étranger, mais n'obtiendrait pas de permis de retour dans les secteurs contrôlés par l'Autorité palestinienne». Outre le fait que le président Arafat soit bloqué à Ramallah, Tel-Aviv refuse que le Parlement palestinien se réunisse à Ramallah, en y mettant des conditions inacceptables. En effet, Israël veut se réserver le droit d'en interdire l'accès aux personnes impliquées dans le «terrorisme». Conditions que rejettent fermement les Palestiniens qui estiment qu'Israël «transforme ses membres (du Parlement) en cibles et leur interdit de se rendre à Ramallah (...) Nous n'irons pas à la réunion sans garantie internationale contre des arrestations par Israël», indique Ziad Abou Amr, président de la commission politique du Parlement. Sur un autre plan, Washington qui veut des élections sur mesure, s'oppose à ce que Yasser Arafat soit candidat à la présidentielle, (selon les sondages M.Arafat est largement favori), de même qu'elle n'approuve pas le fait que les consultations législative et présidentielle se tiennent en janvier prochain comme vient de le déclarer le conseiller politique du président Arafat, Nabil Abou Roudeina. Ce dernier dévoile que «les Américains ne veulent pas que les élections se tiennent à la date prévue, ce qui affecte le processus des réformes palestiniennes». Quant à la récente visite dans la région de l'émissaire américain David Satterfield, M.Abou Roudeina estime que cette visite «n'a rien apporté de nouveau et je pense que les Américains ne sont pas sérieux dans leurs efforts», affirmant: «Il fallait demander l'application des résolutions du Conseil de sécurité demandant un retrait d'Israël, et non pas l'ignorer.» En effet, comment peut-on proposer un nouveau plan de paix alors même que tous ceux qui existent déjà, dont l'accord de paix d'Oslo et les nombreuses résolutions de l'ONU, soient toujours restés en...plan, faute de leur application par la partie israélienne. En vérité, le Proche-Orient n'a nullement besoin de nouveaux plans ou accords de paix, il a surtout besoin que ceux existants soient enfin mis à exécution. Il appartient à ce moment-là à la communauté internationale et aux Nations unies de mettre l'Etat hébreu face à ses responsabilités, dont la première est l'application des résolutions de l'ONU.