Rahmani et Temmar comptent faire sortir leurs secteurs respectifs du marasme dans lequel ils sombrent depuis des décennies. La recette miracle a été apparemment jalousement gardée. Nos ministres seraient-ils devenus cachottiers? A moins qu'ils ne nous aient concocté un de ces tours de passe-passe pour sortir l'économie nationale de sa dépendance par rapport à ses exportations en hydrocarbures. Leurs sorties ont été surprenantes, mais en guise de réchauffé, on ne pouvait être mieux servi. En ce qui concerne le projet de «stratégie industrielle», la cause semblait pourtant déjà entendue depuis l'intervention du Premier ministre sur les ondes de la Chaîne III. «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal, elle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions. Elle n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres», avait déclaré Ahmed Ouyahia le 11 mars 2009. Soit, il y a tout juste un peu plus d'une année. Le projet a-t-il été ressuscité en Conseil des ministres dans le plus grand secret? Si tel est le cas, le gouvernement aura fait la démonstration de son déficit de communication qui, par ailleurs, il faut le signaler, est plus que défaillant...Comme il s'agit tout de même d'une initiative qui engage l'avenir de l'économie nationale pour garantir un minimum de prospérité aux générations futures, le projet méritait d'être médiatisé et l'opinion publique éclairée sur la manière dont sont gérées et menées les affaires de la nation. Comble de l'ironie, c'est sur le même média que le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a ressuscité son projet que tous les observateurs pratiquement croyaient enterré. «Nous avons commencé à travailler depuis deux ans sur cette stratégie. Il a fallu faire appel à des experts qui ont une longue expérience pour parvenir à dégager cette politique», avait-il déclaré tout en laissant sous-entendre que la communication a été peu performante. Pour être plus précis, il est important de rappeler que le terrain à une telle annonce, a été préparé une quinzaine de jours auparavant, à la mi-mars, à l'occasion de la tenue du 4e Salon international de l'électrotechnique et de l'automation. En effet, la déclaration était plus nette et ne souffrait d'aucune ambiguïté. Sauf de posséder cette vertu de cultiver la contradiction. «La stratégie industrielle est prête à fonctionner», a tenu à nous faire savoir Abdelhamid Temmar. Il serait utile de préciser que le pied à l'étrier lui a été remis au mois de septembre 2009, à l'occasion d'une rencontre au siège du Front de libération nationale. «Il faut totalement oublier l'industrie "industrialisante", l'industrie légère et lourde...Maintenant nous démarrons avec une base solide, nous avons la stabilité, nous avons l'argent ainsi que les cadres et les compétences», avait confié le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements qui voulait rectifier le tir et jeter les prémices de sa nouvelle stratégie industrielle. On se croirait pratiquement revenu près de quatre années en arrière. «Nous avons présenté au gouvernement un projet sur la stratégie industrielle, dont le cadre a été approuvé. Nous allons nous rencontrer chaque semaine pour approfondir le dialogue sur le sujet point par point», avait laissé entendre M.Temmar vers la fin de l'année 2006 avant de déclarer au mois de décembre 2007 à l'occasion d'une rencontre organisée à l'hôtel Aurassi par l'Unep, l'Union des entrepreneurs algériens: «Nous n'avons pas de grande stratégie industrielle.» Il aurait été plus juste de faire constater que «nous n'en avons pas du tout». Le retour à ce type de balbutiements est aussi à mettre à l'actif du secteur du tourisme. Le retard accusé dans ce domaine par rapport à nos voisins maghrébins montre à quel point l'industrie touristique est sinistrée en Algérie, qui ne manque pourtant ni d'atouts encore moins de moyens. Pour se faire une idée, il faut savoir que plus de 500.000 touristes étrangers ont visité le Maroc uniquement au mois de janvier 2010. Ce que le secteur réalise en Algérie en une année! Selon les chiffres officiels, 618.215 touristes étrangers auraient visité l'Algérie en 2009. Le ministre du Tourisme vient d'annoncer la construction de 28 hôtels et la création de 403 projets touristiques qui devraient générer près de 60.000 emplois: que deviendront ces chiffres sans la matière première? Des projets touristiques sans un nombre important de visiteurs, essentiellement étrangers, représenteraient sans coup férir leur mort annoncée. Et que pèsent le 1,9 million de visiteurs? A peine 300 millions de dollars pour une économie dont les besoins s'élèvent à près de 40 milliards de dollars. «Il n'y a pas de bon tourisme et de mauvais tourisme, mais il y a une bonne politique du tourisme et une mauvaise politique du tourisme», faisait très justement constater au mois de juin 2006, Chérif Rahmani qui n'avait pas encore hérité du ministère du Tourisme. L'histoire semble vouloir le rattraper et lui donner entièrement raison.