Estimé à 30.000 DA, le tarif moyen d'une formation à la conduite est bien trop cher pour les citoyens, notamment les jeunes. La libération du prix du forfait pour les candidats au permis de conduire diffère d'une région à une autre. Ainsi, «le coût pratiqué diffère même d'une région à une autre», selon le président de la Fédération des auto-écoles affiliées à l'Ugcaa. Outre le coût élevé, il y a la formation douteuse, et le délai à rallonge pour passer l'épreuve dans certaines régions, dûs au manque flagrant d'examinateurs. A titre d'exemple, selon notre interlocuteur, la wilaya de Tizi Ouzou qui compte 300 auto-écoles n'a que six examinateurs. Alger avec ses 400 auto-écoles n'a que 45 examinateurs. La capitale de l'Est, qui a en tout 200 auto-écoles, ne compte actuellement que 11 examinateurs. Même situation dans la capitale de l'Ouest avec 17 examinateurs pour 200 auto-écoles. Aussi, l'effet de la concurrence loyale qui devait profiter aux candidats n'est pas au rendez-vous. Dans ce contexte, «les propriétaires d'auto-écoles souhaitent voir geler l'opération de délivrance d' agréments», car justifie, notre interlocuteur, «le nombre d'examinateurs est très limité». L'augmentation du nombre d'examinateurs sous-entend le croisement de nombre de candidats. Il est clair que cet état des lieux influe négativement sur le chiffre d'affaires des auto-écoles. Néanmoins, les propriétaires d'auto-école sont soumis à une imposition forfaitaire. L'impôt déboursé chaque trimestre varie dans une fourchette allant «de 16.000 à 25.000 DA proportionnellement au nombre de candidats», a précisé notre interlocuteur. De plus, le nombre d'auto-écoles sur le territoire national, «est passé de 4500 en 2008 à plus de 6000 en 2010», ajoute-t-il. On estime que le coût d'un forfait d'auto-école est compris entre 8000 et 30.000 DA, ce qui comprend les cours de code dispensé en 25 heures, 30 heures d'apprentissage à la conduite et le passage des deux examens. Mais ces 30 heures sont généralement insuffisantes pour se sentir à l'aise au volant. La facture gonfle souvent au regard de chaque heure supplémentaire qui génère d'autres dépenses. Une telle somme est souvent difficile à réunir, notamment lorsqu'on est jeune et sans emploi, mais semble être une épreuve inévitable. Sachant que le permis de conduire est un facteur essentiel pour un jeune à la recherche d'un emploi. A Alger, le candidat ne peut pas prétendre au permis de conduire sans débourser au préalable environ 30.000 DA. A une quarantaine de km, à Boumerdès à titre d'exemple, on peut l'avoir à moins de 12.000 DA. Dans la wilaya de Bouira, le coût du forfait peut aller jusqu'à 8000 DA. Manifestement, les Algériens ne sont pas égaux devant le permis de conduire. Toutefois, l'augmentation des tarifs n'a pas diminué le rythme de l'hécatombe sur nos routes. «Gare au candidat dont le patron d'auto-école n'est pas de mèche avec l'examinateur», regrettent de nombreux concernés par ce sésame. La formation fait également défaut. L'attente de l'examen après le dépôt du dossier est aussi sujette à contestation. Notre interlocuteur qui est également professionnel, estime qu'«il fallait faire la réforme mais impliquer davantage les auto-écoles». La circulaire ministérielle de mai 2009 a modifié en le doublant le délai d'attente. «Il est passé de 15 jours à un mois», fait-il encore savoir. Aussi, le problème reste le délai de passage à l'examen pratique. «Nous avons de moins en moins de places d'année en année», estiment les gérants d'auto-école. «La profession est régie exclusivement par des circulaires, sans consultation des professionnels», déplorent-ils. De multiples problèmes ont été soulevés par notre interlocuteur. Il s'agit de la formule des candidats libres, lesquels peuvent obtenir le permis sans passer par les auto-écoles en enregistrant leurs dossiers auprès de la direction des transports, moyennant le paiement d'un timbre fiscale de 200 DA. Les circuits de conduite pratique sont hors normes. La formation n'est pas au beau fixe pour sa part, puisque souvent «le niveau d'encadrement en moniteurs reste à désirer», selon les témoignages des candidats. Devant cette situation désastreuse, l'exigence principale des professionnels, selon le président de la Fédération des auto-écoles, «reste la mise en place d'une commission nationale technique qui prendra en charge les nombreux soucis de la profession». «Un conseil national, organe délibérant de la fédération, est prévu dans les jours à venir, soit entre le 15 et 17 avril prochains pour discuter et, éventuellement, décider de l'action à entreprendre». Par ailleurs, «la promesse du ministre des Transports de mettre dans le circuit 93 examinateurs supplémentaires au plus tard, le mois de février dernier, n'est pas encore concrétisée», conclut notre interlocuteur.