En compétition officielle, Balawi Essoudaf a été montée sur les planches du TNA, mercredi. Obnubilés par le passé, certains ne peuvent plus se regarder en face. Complètement désillusionnés, dépités, fatigués, leur seule obsession est de fuir constamment leur histoire, parfois douloureuse. Mais ils se retrouvent, malgré eux, confrontés à ce passé. Les nombreuses tentatives pour y échapper s'avèrent vaines. C'est là le thème de la pièce présentée, mercredi, par le Théâtre régional Azzedine-Mejdoubi de Annaba (TRA): Balawi Essoudaf, (Les catastrophes du hasard), au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Il s'agit d'une adaptation, à tout le moins maladroite, de la pièce du Français Bernard-Marie Koltès écrite en 1985 sous le titre Dans la solitude des champs de coton. Il fait nuit, et c'est dans un décor presque surréaliste qu'une jeune femme fait son apparition. Quittant son appartement, au 25e étage d'un immeuble, à une heure tardive, elle prend l'ascenseur et se retrouve dehors. Dans la rue déserte, la peur va s'emparer d'elle. Peu après, elle fait la rencontre d'un homme mystérieux. Ce dernier se présente en tant que commerçant. Il travaille dans ce qu'il appelle très pompeusement, le marché de la nuit (Souk Ellil). Proxénète ou simple malfaiteur, il était difficile, à l'entame, de comprendre le rôle de cette personne. La jeune femme tente d'échapper au piège qu'on semble lui tendre, en vain. L'étrange personnage va essayer de la faire parler, de lui faire avouer les raisons qui l'ont fait quitter «son lit douillet dans la nuit». Elle ne résista pas longtemps. Elle se met à parler abondamment de ce qu'elle a longtemps refoulé... ce qu'elle a essayé, tant bien que mal de cacher. Entre-temps, un vieillard fait son apparition sur scène. Sa tenue cossue le montre comme un personnage très aisé, mais les ombres du passé semblent le poursuivre et l'ont poussé, lui aussi, à sortir la nuit. La jeune femme lui demande de l'aide, mais ne recevra aucun soutien de sa part. Il débitera les mêmes préjugés et poncifs que pourrait avoir un homme vivant dans une société, dont les mentalités demeurent à la traîne. «Une femme qui sort en plein milieu de la nuit ne peut être que...», l'apostropha-t-il. Le mystérieux marchand laissa la femme un certain moment, le temps de s'occuper du vieux. Il tentera de lui faire avouer ce qui le tracasse... ce qui le fait sortir de sa maison à une heure indue. La tâche s'avère plus facile avec le vieillard qu'avec la jeune femme. Ce drôle de personnage, dont on a du mal à déterminer la fonction, n'est, en fait, que la conscience de ces gens tourmentés par leur passé douloureux qui finit par refaire surface... le reflet de leur âme inquiète et agitée. Les dialogues écrits en arabe classique sont, pour beaucoup, dans le manque de spontanéité des comédiens. La lumière en décalage avec les mouvements des acteurs donnait l'impression qu'elle était parfaitement inutile. Hommage à Taoufik Mimiche En ouverture de la représentation théâtrale, un hommage a été rendu à Taoufik Mimiche, comédien mort sur les tréteaux du Théâtre régional de Annaba lors d'une séance de répétition d'une nouvelle pièce de théâtre Hayat mouadjala (Une vie reportée). Après avoir observé une minute de silence, M'hamed Benguettaf, directeur du TNA, a donné une médaille à Ali Braoui, directeur du Tram de Annaba.