Le torchon brûle entre Washington et Tel-Aviv. George Bush a demandé à Sharon d'arrêter la violence sur les territoires occupés. Le lendemain, ce dernier bombarde Gaza par des missiles air, terre et mer. Au moment où tous les regards sont braqués vers les Etats-Unis, Israël profite de l'évènement pour continuer son oeuvre macabre, contre la population palestinienne. Sharon affiche sa joie, sur le fait que les médias ne se soient pas étalés sur les massacres des Palestiniens. L'Etat juif essaie de tirer au maximum profit de l'indignation internationale pour mener une campagne contre les pays arabo-musulmans, notamment la Syrie et la Libye. Usant de ses relais médiatiques traditionnels, une rude campagne semble être déjà déclenchée, en faisant l'amalgame entre le terrorisme et la religion musulmane qui a côtoyé, durant des siècles, d'autres confessions monothéistes sur la terre de Palestine. Sur le plan médiatique, l'unique image de quelques gamins longtemps mitraillés par l'armée israélienne, manifestant leur joie après l'attentat de New York, avait fait le tour du monde avec les images de l'effondrement des «Twin Towers». Jusqu'au message de Bush, cette stratégie semblait faire bon chemin, mais la réponse de Sharon annonce déjà son échec. Le Premier ministre israélien a carrément omis les recommandations de Bush en interdisant tout contact entre Arafat et Peres. Le torchon brûle-t-il alors entre les deux gouvernements? Pourquoi? La dernière conférence mondiale de Durban contre le racisme, en Afrique du Sud, a révélé une prise de conscience jamais égalée quant aux atrocités commises contre le peuple palestinien par l'occupation israélienne. Cette position unanime assimilant le sionisme à une forme de racisme a obligé les délégations israélienne et américaine à sortir par la petite porte de l'Afrique du Sud. Cet incident a ébranlé l'idéologie sioniste, déjà en perte de vitesse pour rassembler la communauté autour de ses discours xénophobes. L'holocauste vécu par les juifs durant la Seconde Guerre mondiale, a longtemps été instrumentalisé en tant que de besoins par l'Etat israélien. Cela en a fait un prétexte pour légitimer les crimes commis contre la population palestinienne, ainsi que la politique du tout sécuritaire qui retarde la paix avec les Arabes. Le sentiment anti-américain affiché et non affiché n'est-il pas dû au soutien inconditionnel des Etats-Unis à la politique israélienne? L'attentat inqualifiable contre des innocents sur le sol américain, n'est-il pas le prix chèrement payé de cette politique? Par ailleurs, autant les Américains ont tiré les leçons de leur politique au Proche-Orient, autant les spécialistes de la question, craignent que la lutte contre le terrorisme, n'entraîne le monde dans la logique israélienne du tout sécuritaire. D'ailleurs dans les quelques minutes qui ont suivi l'attentat de mardi dernier, tous les dirigeants israéliens ont essayé de le faire. Le discours à chaud de Netanyahu a été très explicite, et vite développé par les relais médiatiques A quel point les dirigeants israéliens réussiront-ils dans cette stratégie? Toutes les capitales occidentales ne semblent pas prêtes à connaître le même sort que les Américains. Même si les Européens sont tenus de respecter l'article 5 de la convention de l'OTAN, ils exigent des preuves irréfutables contre les éventuels Etats impliqués dans les attentats, pour justifier le recours à une opération militaire. Les enjeux avec les Etats arabes sont énormes. Sur cette optique, l'attitude de l'Administration Bush est allée plus loin. Aucune opération militaire ne se fera sans la participation des pays arabo-musulmans, avait déclaré le président américain. Sachant que cela ne fera qu'ajouter de l'huile sur le feu à l'avenir et favorisera d'autres attentats dans d'autres capitales névralgiques à travers le monde. Le guêpier du terrorisme, qui trouve ses racines et sa force chez les populations opprimées par les régimes corrompus et dictatoriaux, échappe aux Etats par des structures de plus en plus internationales et de plus en plus autonomes. Les observateurs estiment que les Israéliens n'ont pu réussir à tirer des dividendes politiques de cet attentat, ce qui explique l'intensification de ses attaques avec des armes non conventionnelles, contre une population entassée dans le plus grand ghetto de l'histoire.