Depuis l'adoption à l'ONU de sanctions contre l'Iran, des responsables russes ont multiplié les déclarations mettant en question la livraison prévue de longue date de S-300 à Téhéran. La Russie s'apprête à renoncer à une vente controversée de missiles S-300 à l'Iran, un tournant majeur rendu nécessaire selon le Kremlin par les nouvelles sanctions de l'ONU contre la République islamique en raison de son programme nucléaire. «Les S-300 tombent sous le coup des sanctions (de l'ONU). Ainsi, ce type d'armement ne peut pas être livré à l'Iran», a déclaré une source au sein du Kremlin depuis Tachkent, en Ouzbékistan, où le président Dmitri Medvedev participe au sommet d'une organisation de sécurité régionale dirigée par la Russie et la Chine. Depuis l'adoption mercredi à l'ONU d'une résolution interdisant notamment la vente à l'Iran de certains armements lourds, des responsables russes ont multiplié les déclarations mettant en question la livraison prévue de longue date de S-300 à Téhéran, un contrat critiqué par l'Occident et Israël. «Nous allons appliquer strictement et rigoureusement les critères et les exigences de la résolution» de l'ONU, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, dans un bref communiqué. Désormais, la Russie doit s'abstenir de fournir à l'Iran ce système de missiles sol-air qui permettrait à Téhéran de défendre efficacement ses installations nucléaires, a renchéri le chef du comité des Affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe (Douma), Konstantin Kossatchev. «Je suis contre l'exécution du contrat (de vente de S-300 à l'Iran), d'autant plus que la résolution (de l'ONU) appelle à faire preuve de vigilance et de retenue en ce qui concerne d'autres types d'armements», a-t-il écrit sur son blog hébergé par le site de la radio Echo de Moscou. S'il estime que ces missiles ne sont pas concernés par la résolution, le responsable juge que les livrer serait «contraire à l'esprit» de la résolution de l'ONU. Membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie a voté en faveur des sanctions iraniennes en dépit de ses liens avec Téhéran dans le domaine économique et énergétique. La Russie et l'Iran se sont mis d'accord en 2007 sur la livraison de S-300, mais Moscou n'a jamais fourni ces armes, arguant de problèmes techniques, ce qui suscite l'agacement de Téhéran. Fin 2009, un haut responsable iranien avait même menacé la Russie de porter l'affaire devant la justice internationale, l'accusant de ne pas respecter ses engagements commerciaux. Dès jeudi, le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley, a salué la «modération» de la Russie, notant que Moscou n'avait pas à ce stade livré à l'Iran les missiles. «C'est une vente que la Russie a conclue avec l'Iran il y a plusieurs années, et la Russie a fait preuve d'esprit de responsabilité» en ne livrant pas le système S-300, a déclaré M.Crowley.