Le nombre d'entreprises du bâtiment ne cesse de rétrécir. 200 d'entre elles ont déjà mis la clé sous le paillasson. Le crédit documentaire instauré par la loi de finances complémentaire 2009 conforte davantage les fournisseurs au détriment des opérateurs nationaux, estime le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), M.Mouloud Kheloufi. Selon lui, avant l'instauration du Crédoc, les opérateurs algériens avaient la possibilité de gérer les coûts et les délais de livraison tout en ayant l'opportunité d'avoir des produits de qualité. «Mais, à présent, les choses se sont inversées car nos fournisseurs, qui encaissent à l'avance, nous livrent ce qu'ils veulent et quand ils veulent.» M.Khelloufi prévient, de ce fait, que cette situation intenable influe négativement sur la qualité et les délais de réalisation. Pourtant, le Crédoc, du moins en théorie, devrait conforter les deux parties: le fournisseur qui encaisse et envoie la marchandise, et l'opérateur qui paie et reçoit la marchandise dans les délais. Le président de l'Agea avertit que le nombre des entreprises du Btph rétrécit comme une peau de chagrin et 200 d'entre elles ont déjà mis la clé sous le paillasson, ce qui influe négativement sur le marché du travail puisque 80% des postes d'emploi dans le secteur privé sont fournis par le secteur. Pour ceux qui ne le savent pas, le crédit documentaire est l'engagement d'une banque à payer un montant défini au fournisseur d'une marchandise ou d'un service, contre la remise, dans un délai déterminé, de documents énumérés qui prouvent que les marchandises ont été expédiées ou que les prestations ou services ont été effectués. L'objet de ces documents est de justifier l'exécution correcte des obligations de l'exportateur. Ces documents seront ensuite transmis par la banque du prestataire à l'acheteur contre remboursement, pour que ce dernier puisse prendre possession de la marchandise. Dans l'objectif de faciliter ces transactions, l'Agea recommande que le «Crédoc» doit être assimilé à un moyen fluide et efficace qui garantit la règle de commercialité tout en préservant les intérêts économiques et juridiques des parties en présence. A ce titre, l'Agea propose qu'il soit mis en action un mécanisme souple de transfert des biens et services parallèlement au transfert des moyens de paiement dans les délais raisonnables reconnus universellement. L'Agea souhaite, ainsi, assouplir les conditions d'engagement des transactions par une procédure de crédit soumise à des conditions limitées et surtout permettre aux banques d'Etat d'engager des initiatives propres à les impliquer au développement du crédit. Ces recommandations ont été données suite à la réunion du bureau national de l'Agea tenue jeudi dernier à Alger. Pour rappel, le Premier ministre Ahmed Ouyahia et les représentants des patrons ont signé un pacte économique et social et installé des commissions mixtes qui devaient traiter quatre dossiers primordiaux, lors de la 13e tripartite, tenue les 2 et 3 décembre 2009. Les représentants du patronat avaient déclaré à leur sortie de la tripartite qu'au sujet du crédit documentaire ayant un caractère obligatoire pour toutes importations, les partenaires ont fini par trouver un terrain d'entente et dégagé un consensus sur la question. Le gouvernement avait accepté d'accorder des assouplissements aux mécanismes d'application afin de lever les obstacles auxquels font face les entreprises dans le cadre de leurs intrants. Le rendez-vous a été fixé pour la fin du premier trimestre 2010. A la fin du 2e trimestre, rien n'a été fait.