Les experts sont formels: le passage au week-end semi-universel n'a pas eu d'effet sur la vie politique et économique du pays. Le week-end semi-universel boucle sa première année depuis son adoption en Algérie. Quel est l'impact de cette mesure sur la vie politique et économique nationale? Les avis des observateurs divergent sur ce point. Pour les analystes politiques, l'incidence de cette décision est quasiment nulle sur la vie politique algérienne. «Cette mesure n'a introduit aucun élément de changement sur la scène politique nationale», a tranché, hier, Mustapha Saïdj, enseignant en sciences politiques à l'université d'Alger, joint par téléphone. Selon ce dernier, cette décision politique est la conséquence de plusieurs paramètres. En premier lieu, il a cité la contradiction entre le courant conservateur et le patronat, à la veille de son adoption le 14 août 2010. Les premiers tenaient à la sacralité de la journée du vendredi. Les seconds estimaient que l'Algérie perdait trois jours par semaine en termes d'activité économique. Résultat: l'Algérie a un pied dans le week-end universel tout en gardant l'autre dans celui cher aux clercs verts. La journée du vendredi a été épargnée. Les observateurs estiment que ce procédé s'apparente à un véritable numéro d'équilibriste. Il fallait ménager la chèvre islamiste, le chou patronal et satisfaire aux exigences du partenariat avec l'Union européenne et l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. «Cela dit, cette décision est, politiquement, facultative car, la décision politique en Algérie repose sur l'orientation économique. Or, notre économie est régie par la rente pétrolière», a estimé le Dr Saïdj. Même son de cloche chez le Pr Abderrahmane Mebtoul, ancien ministre et expert économique reconnu à l'échelle mondiale. «Le passage au week-end semi-universel a eu un impact mitigé sur la vie économique nationale», a assuré, hier, le Pr Mebtoul, joint par nos soins. Sa lecture repose sur trois paramètres: les exportations, la cotation boursière et les pertes induites par le non-alignement de l'Algérie sur le week-end universel. En outre, le Pr Mebtoul a signalé que les pertes économiques causées par la non-adoption du week-end universel par l'Algérie étaient infimes par rapport aux recettes des hydrocarbures. «La Banque mondiale les a situées, en 2008, entre 600 et 700 millions de dollars. Or, les exportations en hydrocarbures ont été à hauteur de 50 milliards de dollars en 2009», a argumenté l'économiste. Pour leur part, les chefs d'entreprise estiment que le nouveau week-end est parfaitement adapté au fonctionnement de leurs sociétés. C'est la thèse défendue par Slim Othmani, membre du Forum des chefs d'entreprise et président-directeur général de NCA Rouiba. «Le passage au week-end semi-universel a permis de régler la quasi-totalité des questions liées à notre fonctionnement et surtout à nos relations avec nos fournisseurs étrangers», a affirmé M.Othmani dont l'entreprise est passée au nouveau week-end avant qu'il ne soit officiellement adopté. Le week-end classique, selon lui, pénalisait les entreprises. Procédure administrative oblige, ces dernières étaient obligées de payer en heures supplémentaires leurs employés, en cas de réquisition le jeudi. Leur prise en charge était coûteuse. Aussi, leur mobilisation perturbait leurs relations avec leurs familles. «Or, le jeudi est la journée d'intensification de nos relations avec nos fournisseurs étrangers. Donc, nous étions pénalisés en matière d'approvisionnement», a ajouté M.Othmani. Pour ce dernier, le passage au week-end universel serait une excellente chose pour l'économie nationale. Seulement, sur ce registre, il faut compter avec les courants conservateurs. Cela dit, l'Algérie est-elle en position lui permettant de passer au week-end universel? «Pour cela, notre économie doit être productive», a estimé le Pr Mebtoul.