«L'est, l'ouest et le sud du pays sont confrontés (...) à une véritable démobilisation militante.»... Les raisons invoquées par le RCD pour boycotter le prochain scrutin ne seraient qu'un discours politicien dénué de toute conviction! Les vraies raisons qui ont poussé le parti à boycotter les prochaines élections locales du 10 octobre sont loin d'être celles exprimées par le comité exécutif du parti lors de sa réunion ordinaire du 28 août dernier. Dans un document accablant transmis à notre rédaction par des militants et élus de la formation de Saïd Sadi, les motivations profondes du rejet sont clairement explicitées à travers «le rapport d'évaluation organique» réalisé par le secrétariat du RCD peu avant la tenue du conseil national qui a entériné la décision de la non-participation. «En dehors de quelques régions du Centre, le reste des régions fait face à une déstructuration organique, à une démobilisation militante prononcée et à une santé financière des plus déplorables. Sur le plan des activités initiées par l'exécutif national, la grande majorité des bureaux régionaux n'a pu prendre le relais.(...) Quant aux activités à initier par les BR eux-mêmes, force est de constater l'immobilisme et la léthargie. Enfin, il n'a pas été possible d'exploiter certaines informations comme le nombre de militants et les bilans financiers en raison de l'insuffisance des données», peut-on lire en conclusion du rapport qui s'achève sur: «Il devient urgent de réactiver nos structures». Le même rapport explique qu'à Tizi-Ouzou par exemple, les élus APC et APW confondus sont redevables de près de 114 millions et qu'à Tlemcen aucune cotisation n'est perçue depuis huit mois. Sur le plan organisationnel, le document révèle que «l'est, l'ouest et le sud du pays sont confrontés (...) à une véritable démobilisation militante». Pour dire que l'état de santé du RCD ne lui permettait pas d'entamer un marathon électoral qui serait, en tout état de cause, hasardeux. Rappelons que la formation de Saïd Sadi avait annoncé en grande pompe qu'il n'y avait pas du tout lieu de s'inquiéter sur la situation du parti et que s'il ne participait pas à ces élections c'est uniquement parce que le contexte ne prédisposait pas à tenir un tel rendez-vous. Par ailleurs, le RCD avait déclaré en guise de justification du boycott que «les délais de dépôt de listes de candidature sont violés, des listes, quand elles existent, sont quotidiennement remaniées, les dossiers sont réduits à l'énoncé de l'identité de certains individus et les walis, eux-mêmes, assurent de leur servilité les prétendants à la razzia locale», cela constitue selon lui, une grave effraction à la légalité du scrutin. Le parti ira encore plus loin et déclare que «tant que le sang de 118 jeunes n'aura pas connu réparation et que les codes communal et de wilaya ne seront pas débattus dans la légalité et la transparence pour permettre de mieux asseoir le pouvoir des élus, le Rassemblement s'interdit toute participation». En somme des arguments de noblesse voilent un malaise manifeste au sein du parti. Les élus et militants du parti qui nous ont transmis le rapport ont requis l'anonymat par «peur de représailles et autres actes d'exclusion dont ils pourraient être victimes, comme l'ont été beaucoup», nous ont-ils enfin expliqué.