Il s'agit là de grandes difficultés mais qui ne peuvent être, selon Mme Lenoir, solutionnées dans le cadre de ce projet régional. Il faut savoir outrepasser certains problèmes politiques pour relancer le projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM). C'est ce qu'a indiqué, lundi dernier, Noëlle Lenoir, ancienne ministre délégué aux Affaires étrangères, lors d'une conférence, organisée par l'ambassade de France à Alger au Centre culturel français. La conférence a porté sur «la relation franco-allemande et la construction européenne: un précédent pour la coopération euro-méditérranéenne.» La crise palestino-israélienne, la normalisation avec l'Etat israélien, le Sahara occidental et le Sahel, sont effectivement tant de conflits sur lesquels butent continuellement le projet de l'Union pour la Méditerranée, si cher à l'Elysée. Il s'agit là de grandes difficultés certes! mais qui ne peuvent être solutionnées dans le cadre de ce projet d'ensemble régional, selon Mme Lenoir. Elles devraient, de ce fait, être reléguées au fond d'un tiroir pour concrétiser ce projet. «Si on fixe des conditions pour poursuivre un dialogue, on se prive de la possibilité que ce dialogue se concrétise, et serve d'exemplarité...», a-t-elle prévenu. «On ne peut pas résoudre tous les problèmes en même temps, il faut avoir le courage d'avancer sans considérer que l'UPM qui est pour l'instant un simple espace de dialogue, demain un espace de projet peut- être, tout de suite un espace politique», a-t-elle ajouté. Noëlle Lenoir prend l'île de Chypre pour exemple et dira: «Si nous avions attendu que l'on résolve le conflit entre les Chypriotes de la partie grecque et ceux de la partie turque pour les admettre en Europe, nous y serions encore.» «Il faut transcender les problèmes politiques qui sont différents et qui ne doivent pas être réglés dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée. Après il faut de l'argent pour mettre en place des projets», a-t-elle souligné. Plusieurs différends ont marqué les relations algéro-françaises au cours des dernières années. Cependant, la mise en oeuvre d'un partenariat stratégique dans le cadre d'un projet «ambitieux» comme l'UPM peut contribuer à aplanir justement ces différends. Mme Lenoir s'est échinée d'ailleurs à le démontrer tout au long de son intervention en prenant comme exemple le couple qu'a formé la France et l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Pour cette politique, il s'agit d'un modèle duquel on peut s'inspirer pour ce qui est des relations entre Alger et Paris qui ont connu une certaine crispation au cours de cinq dernières années. La France et l'Allemagne représentent deux identités, deux cultures mais aussi et surtout deux nations qui ont en commun un passé chargé d'histoire. Une histoire tout aussi douloureuse que celle de l'Algérie avec la France. «Imaginez ce que pourrait représenter un lien France-Algérie au sein de l'UPM!», souligne-t-elle. «Je pense qu'il y a tous les ingrédients, mais il faut avoir le courage de considérer que l'UPM ne peut pas résoudre tous les problèmes», a-t-elle ajouté. Noëlle Lenoir, membre du Conseil d'Etat français, a été reçue, hier, par le président du Conseil constitutionnel, Boualem Bessaïeh. Leurs discussions ont porté sur l'expérience des deux pays sur la justice constitutionnelle. La visite de Mme Lenoir à Alger intervient après celle de Jean-Pierre Chevènement qui a été reçu par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Même si elle n'a pas un caractère officiel, cette visite entrant dans le cadre d'un programme tracé par l'ambassade de France à Alger, de nombreux observateurs la placent dans le contexte des relations entre les deux pays qui commencent à peine à se décrisper avec la venue de nombreux «émissaires» français à Alger.