Des milliers de personnes ont accueilli, à l'appel du Hezbollah, un président iranien saluant et souriant à la foule qui effectue sa première visite au Liban. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a entamé hier au Liban une visite officielle controversée perçue comme une importante marque de soutien à son allié le Hezbollah et qualifiée de «provocation» en raison d'un déplacement prévu dans le sud frontalier d'Israël. «Les ennemis du Liban et de l'Iran sont pris de terreur quand ils voient ces deux nations côte à côte», a déclaré le président iranien à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth, selon l'agence officielle iranienne Irna. «Aujourd'hui, une nouvelle page se tourne. Je suis fier d'être au Liban», a-t-il poursuivi à l'adresse du président du Parlement, le chiite Nabih Berri, qui l'a accueilli en compagnie de députés et des deux ministres du Hezbollah chiite au sein du gouvernement d'union libanais. La visite du président de la République islamique suscite le débat au Liban, le camp pro-occidental reprochant à Téhéran son «ingérence» et craignant que le pays ne devienne une «base iranienne» aux portes de l'Etat hébreu. Le président conservateur, qui effectue sa première visite au Liban depuis son élection en 2005, a salué et souri aux dizaines de milliers de personnes qui s'étaient massées dès les premières heures de la matinée sur la route de l'aéroport. «Khosh Amadi! (bienvenue en farsi), Allah Akbar», a lancé la foule qui a poussé des cris de joie à la vue du cortège présidentiel et l'a accueilli par des jets de riz et de fleurs et distribué des pâtisseries. «Nous sommes avec l'Iran ensemble dans la même lutte contre Israël», affirme Afaf, venue avec ses deux enfants qui agitaient des drapeaux iraniens. «Je viens accueillir le président Ahmadinejad car il a aidé le Liban à travers la reconstruction plus que les pays arabes», affirme, de son côté, Mounir, 47 ans, en référence à l'aide iranienne qui a reconstruit en grande partie la région du sud détruite par la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël. Des membres du Hezbollah participaient à l'organisation de la sécurité au côté de l'armée libanaise sur la route de l'aéroport. «Cet accueil populaire sera une gifle à tous ceux qui ont critiqué la visite, notamment les Etats-Unis et Israël, qui vivent dans un état de nervosité à cause de la venue de M.Ahmadinejad», a affirmé la chaîne du Hezbollah, Al Manar, en référence à la préoccupation exprimée par Washington et l'Etat hébreu, ennemis jurés de Téhéran, concernant cette visite. Au palais présidentiel de Baabda, près de Beyrouth, où un accueil officiel lui a été réservé, M.Ahmadinejad s'est entretenu avec son homologue libanais, Michel Sleimane. Il rencontrera également le Premier ministre soutenu par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, Saad Hariri. En début de soirée, le président devrait apparaître au côté du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah lors d'un rassemblement populaire organisé par le parti chiite. «Ce n'est plus notre pays, c'est le pays du Hezbollah et de l'Iran», estime Gerges, un chrétien de la région de Dora, au nord de Beyrouth. «Le Hezbollah est prêt à vendre le Liban si Téhéran lui demande cela», estime de son côté Raed Khalil, commerçant sunnite de 39 ans dans la ville de Tripoli (nord). Aujourd'hui, au deuxième jour de sa visite Mahmoud Ahmadinejad se rendra dans des villages du sud frontalier d'Israël, durement touchés lors de la guerre de 2006.