Mohamed Abdelaziz a appelé à une levée immédiate du blocus imposé aux camps sahraouis dans les territoires occupés. Le président de la République sahraouie, qui s'exprimait depuis le Palais Bourbon, l'Assemblée nationale française, qui a abrité une conférence sur la décolonisation du Sahara occidental, a pris la communauté internationale à témoin. «Je lance, du haut de cette tribune, un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines à ces campements afin de permettre l'acheminement de médicaments et de vivres, et la visite de la presse et des observateurs internationaux», a déclaré le secrétaire général du Front Polisario. La réaction a été instantanée... Amnesty International et l'Amdh, l'Association marocaine des droits de l'homme ont, séparément, appelé les autorités marocaines à l'ouverture d'une enquête immédiate pour faire la lumière sur l'assassinat du jeune Najem Garhi par des militaires marocains. Le Sahara occidental est en proie à une énorme tension. La tournée effectuée par Christopher Ross au Maghreb a agité le spectre d'un référendum qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son avenir. Le pouvoir marocain ne veut pas en entendre parler. La fièvre monte dans les territoires occupés. Les militaires marocains dérapent et font usage de leurs armes. Bilan: un adolescent de quatorze ans tué et cinq de ses camarades grièvement blessés. Amesty International s'en est émue. «Il y a des éléments troublants dans cet homicide qui doit faire immédiatement l'objet d'une enquête transparente [...] Les autorités marocaines doivent faire la preuve qu'elles n'ont pas violé les normes des Nations unies relatives à l'utilisation des armes à feu, ni eu recours à une force excessive dans le cadre du contrôle de l'accès au camp des protestataires sahraouis, de son approvisionnement et de ses communications», précise la puissante ONG dans un communiqué rendu public le 28 octobre 2010. De son côté, l'Association marocaine des droits de l'homme (Amdh) a appelé les autorités marocaines à ouvrir «une enquête immédiate, indépendante et impartiale» sur les conditions de l'assassinat d'un jeune Sahraoui de 14 ans et des blessures causées à cinq autres jeunes, indique une dépêche répercutée par l'agence de presse sahraouie SPS datée du même jour. Cet événement dramatique peut provoquer l'irrémédiable étincelle qui ferait capoter une éventuelle reprise des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Un contexte explosif qui représente «une réelle menace pour la paix dans la région et risque d'anéantir les efforts consentis à ce jour par l'ONU et rendre improbable la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc», a souligné, dans son allocution, Mohamed Abdelaziz. De son côté, le président du Sous-Comité de l'Afrique et de la santé mondiale auprès de la Chambre américaine des représentants, a adressé un sévère avertissement aux autorités marocaines. «Le Maroc doit savoir que la communauté internationale ne tolère aucunement les assassinats et la répression de manifestants pacifiques. Le peuple du Sahara occidental mérite la liberté, la paix et l'autodétermination», a fait remarquer Donald M.Payne. «Je suis profondément attristé par la mort de Najem Garhi, un jeune adolescent sahraoui qui ne cherchait rien de plus que de rejoindre d'autres Sahraouis à une manifestation pacifique appelant à de meilleures conditions de vie pour lui-même et le peuple du Sahara occidental», a ajouté visiblement affecté, le congressman du New Jersey. La répression féroce exercée par les forces d'occupation marocaines et l'exode massif des populations d'El Aâyoune continueront à être dénoncés dans le cadre de la 36e Conférence de solidarité européenne avec le peuple sahraoui (Eucoco) qui s'est ouverte hier et qui prendra fin le 31 octobre au Mans. Un soutien précieux au peuple sahraoui en lutte. «Une conférence en France revêt toujours une grande importance tant notre pays, ami du roi et du Royaume, est impliqué dans la résolution ou l'absence de résolution du conflit...», souligne le communiqué que nous ont fait parvenir les organisateurs de cette rencontre. Le siège imposé aux milliers de Sahraouis dans les environs de la ville occupée d'El Aâyoune est devenu le symbole de la résistance héroïque du peuple du Sahara occidental. Elle «interpelle la conscience humaine» a justement précisé Mohamed Abdelaziz.