Pour une regrettable histoire de billets d'avion, deux monuments du mouvement sportif national s'entre-déchirent, faisant fi de l'éthique et de la morale. Il s'agit bien évidemment, de Moh Cherif Hannachi le président de la JS Kabylie, et Mohamed Raouraoua le patron de la fédération algérienne de football. L'oxygène est à l'homme ce que la mer est au poisson. Ce sont des éléments qu'on ne peut dissocier. Il en est de même de l'éthique qui est le miroir de la société. Agissant comme un régulateur, elle codifie le langage, adoucit les propos, tempère le verbe et les ardeurs et rappelle l'obligation de réserve à laquelle on est tenu. Car l'éthique, ce n'est pas seulement un contrat moral, c'est un garde-fou, mieux, un solide rempart qui nous prémunit contre les excès de toutes sortes, que la morale condamne. Lorsqu'on l'enfreint, on commet un délit aux conséquences parfois très graves. Rappelons-nous le geste anti-sportif dont s'étaient rendus coupables les frères Hassan lors du match comptant pour le compte de la Coupe de l'UNAF, disputé l'année dernière, et qui a valu une très lourde sanction pour les deux égyptiens. Se sentant au-dessus des lois et profitant de la gentillesse des uns ou de l'absence de réaction des autres, bon nombre d'acteurs de la scène sportive nationale enfreignent chaque jour l'éthique. Faisant fi de la morale et du fair-play, ils recourent souvent à l'insulte et la calomnie pour régler leurs différends. Des différends qui s'éternisent et qui prennent, parfois, des proportions démesurées parce que, quelque part, il y a volonté de nuire et de choquer. Fini le temps où on lavait le linge sale en famille. Désormais, il est étalé sur la voie publique, tant pis si la morale en prend un coup. L'important est de faire du bruit, beaucoup de bruit, pour impressionner l'adversaire et tenter de le blesser moralement. Certains y sont parfois arrivés, d'autres ont eu moins de succès, mais ils se disent prêts à recommencer surtout lorsqu'il y a au bout de gros intérêts. Certes, on ne peut pas reprocher à un dirigeant de défendre son club, de lui vouer une passion sans limite, mais on lui dénie le droit d'insulter et de calomnier. Les conflits sont souvent grossis démesurément pour mettre en difficulté un rival qu'on voudrait écarter. A la longue, ils deviennent ennuyeux et lassants. Que penser alors, du différend qui oppose depuis quelque temps deux figures de proue du mouvement sportif national, sinon qu'il a créé un véritable malaise au sein de la famille sportive. Moh Chérif Hannachi est le président d'un prestigieux club qui s'appelle la JSK. Depuis son arrivée, le club phare du Djurdjura a remporté de nombreux titres dont 5 à l'échelle continentale. Il a beaucoup sacrifié de son temps et parfois de son argent pour aider le club surtout durant les moments difficiles. La seule chose qu'on pouvait lui reprocher, c'est son franc parler et ses sautes d'humeurs qui, parfois, dérangent. Mais on ne peut pas lui reprocher d'aimer la JSK, parfois trop même quitte à ce qu'il perde, parfois, les pédales et oublie, un tant soit peu, le devoir de réserve auquel il est tenu. Mohamed Raouraoua, est le président de la FAF. Grâce à lui le football algérien est sorti des sentiers battus de l'anonymat dans lequel ses prédécesseurs l'avaient laissé. Ses connaissances du monde des affaires et la riche expérience qu'il a acquise en tant que membre influent tant à la CAF, qu'à la FIFA, l'ont beaucoup servi dans sa carrière et font de lui une personne très respectée et surtout très écoutée. Contrairement au président de la JSK, Mohamed Raouraoua est plus discret et ne fait pas beaucoup de déclarations. De peur de nuire ou de porter préjudice à quelqu'un. Dès lors, pourquoi cette campagne haineuse qui ne sert pas l'intérêt du sport, encore moins celle du football qui a besoin de tous ses acteurs pour s'organiser et se développer. La situation est d'autant plus regrettable, qu'il s'agit, à l'origine d'une histoire de billets d'avion dont on aurait pu se passer. A la limite, c'est un petit malentendu qu'on aurait pu régler en s'asseyant autour d'une table, au lieu de chercher des prétextes et essayer de noyer le poisson dans l'eau. Moh Chérif Hanachi a été suspendu parce que le président de la FAF s'est senti diffamé, mais est-ce la solution? D'autant que le feuilleton ne semble pas sur le point de se terminer. L'un promet de faire des révélations, l'autre de saisir la justice. Tout compte fait, tous les deux ont raison et tous les deux, ont tort.