«Nos produits seront disponibles, à partir du mois prochain, aux meilleurs prix.» Après son départ «forcé» en 1993 à cause de l'environnement économique défavorable (pénurie de devises), et de la situation sécuritaire qui prédominait à l'époque, le géant du pneumatique français, Michelin, est de retour en Algérie. C'est au cours d'une conférence de presse animée conjointement, hier à Djenen El-Mithaq (Alger), par M.Temmar, ministre de la Participation, et le président du conseil d'administration de Michelin, M.Pierre Desmarets, que le groupe français a annoncé le redémarrage de ses activités dans notre pays. Pour activer ce retour et dépasser toutes les contraintes dont on se passera de citer la nature, le groupe a dû créer une nouvelle société qui est née le 12 août dernier. Il s'agit de Michelin Algérie, basée à Hussein Dey (Alger). Le montant de son investissement est de l'ordre de plus de 20 millions d'euros, (son chiffre d'affaires étant de 15,8 milliards d'euros en progression de 2,5% par rapport à 2000). Notons que pas moins de 500 postes d'emploi vont être créés prochainement. Après une remise à niveau technique (le matériel essentiellement) de son usine, Michelin Algérie envisage de produire une moyenne de 70.000 pneus par jour (pour le poids lourd uniquement) durant une première phase, et 250.000 autres quotidiennement durant une deuxième phase de manière à couvrir 40% du marché national, sa priorité, selon le P-DG du groupe. Quant à l'exportation, Michelin Algérie compte fournir également d'autres pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Les produits Michelin seront donc disponibles sur le marché à partir de novembre. Concernant les prix de vente, M.Desmarets nous indiquera qu'ils n'ont pas encore été fixés, «mais je peux vous assurer toutefois que nous commercialiserons nos produits aux meilleurs prix», dira-t-il. Faut-il comprendre par là qu'ils seront moins chers qu'actuellement? Ce n'est pas évident, puisque le premier responsable du groupe n'hésitera pas à nous «corriger» en précisant: «Je n'ai pas dit cela. En fait, notre produit est concurrentiel sur le plan du prix de revient kilométrique, sur la qualité. Ce qu'il faut donc retenir, c'est que le prix arrangera et le producteur et le consommateur.» A propos justement de concurrence, Michelin Algérie ne semble pas très préoccupé par la chose eu égard, d'abord, à sa renommée mondiale - une réputation méritée, il faut le dire - ainsi qu'à sa grande expérience dans le domaine du pneumatique, mais aussi à l'absence quasi totale de concurrents à proprement dit. En effet, hormis la Snvi (Société nationale des véhicules industriels) qui répondait à elle seule - tant bien que mal - à la demande en la matière, il faut dire que l'essentiel du pneumatique provenait de l'importation. C'est ce qui a d'ailleurs favorisé la prolifération du marché parallèle (le marché noir), et de la contrefaçon. N'ayant pas grand choix, surtout depuis que l'unique fournisseur (la Snvi) est agonisant, les consommateurs se sont vus obligés de recourir au marché «noir», même si la qualité laisse souvent à désirer. Tel est, en fait, la véritable «menace» pour le revenant Michelin qui, au même titre que n'importe quel autre opérateur, craint cette concurrence déloyale. Etant sûr de ses capacités et de son poids réel, le «géant» français se dit toutefois très confiant. A propos de la Snvi, M.Temmar indiquera qu'une solution sera bientôt trouvée : «Certaines branches seront filialisées et d'autres dissoutes.» Quant à la question relative aux appréhensions des travailleurs préoccupés par la préservation de leurs postes d'emploi, le ministre indiquera que même si licenciements il y a, ils ne dépasseront pas les 5 à 6% du nombre total.