Le Zanu-PF, au pouvoir, devait se prononcer hier soir, à la clôture de son congrès pour des élections dès 2011 et choisir comme candidat à la présidentielle le chef de l'Etat qui vient d'appeler à la fin du partage du pouvoir. «Nous avons une mission à accomplir. J'exhorte (les participants de) cette conférence à construire sur cet élan alors que nous nous dirigeons vers des élections générales prévues pour l'année prochaine», a déclaré le président du parti, Simon Moyo, avant le discours de clôture du chef de l'Etat. «Nous voulons enterrer, une fois pour toutes, ce projet occidental appelé MDC (Mouvement pour le changement démocratique)», a lancé ce responsable de l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF). Après les réunions en session privée des 4300 délégués, le parti devrait également entériner la candidature du plus vieux leader africain, 86 ans, à sa réélection, lors de la clôture de cette conférence hier soir à Mutare dans l'est du pays. La veille, le président Mugabe a fait pression sur ses militants pour mettre fin au gouvernement d'union et organiser des élections l'année prochaine bien que l'adoption d'une nouvelle Constitution, posant les conditions d'un scrutin libre et équitable, soit au point mort. Ce gouvernement, formé en février 2009 avec son rival du MDC Morgan Tsvangirai afin de sortir le pays d'une grave crise politique et économique, connaît de profonds désaccords - notamment sur la nomination de hauts responsables - et ne fonctionne pas, selon M. Mugabe. «On ne saurait accepter de continuer l'accord politique global», a déclaré à l'ouverture de ce congrès annuel le chef de l'Etat qui réclamait dès octobre des élections à la mi-2011. Une fois la position de la Zanu-PF annoncée samedi soir, la commission électorale devrait se réunir avec MM.Mugabe et Tsvangirai pour décider de la date des prochaines élections. Cette commission ne s'est jamais opposée aux dates proposées par le chef de l'Etat. «La Zanu-PF va tout faire pour avoir ces élections, quoi qu'il en soit», prédit l'universitaire Lovemore Madhuku. Mais pour le MDC qui prône des élections au plut tôt en 2012 le temps de mettre en place un processus électoral transparent, précipiter ces scrutins reviendrait à répéter le scénario de 2008. Le régime de Mugabe, au pouvoir depuis 1980, avait refusé de reconnaître sa défaite aux élections générales et laissé se déchaîner les violences, plongeant cette ancienne colonie britannique dans le chaos. Sur le plan économique, M.Mugabe a également fait savoir vendredi que des entreprises britanniques et américaines seraient saisies si les sanctions - principalement une interdiction de voyager et un gel des avoirs contre lui et ses proches - n'étaient pas levées par l'Union européenne et les Etats-Unis. Selon les analystes, ces menaces ont simplement pour but de contenter les militants. «Il leur dit ce qu'ils veulent entendre. Il n'a pas la capacité de nationaliser et payer des compensations pour les actions», souligne John Makumbe, professeur de sciences politiques à l'Université du Zimbabwe. «Il fait juste de la politique politicienne, note cet expert. Il essaye de contrecarrer les sanctions américaines et européennes mais en réalité il sait qu'il ne va pas nationaliser ces entreprises.»