Des amendements «profonds» seront introduits dans la législation du travail. L'objectif étant «de mettre en oeuvre des mécanismes à même de promouvoir le dialogue et la concertation avec et entre les différents partenaires sociaux». C'est ce qu'a expliqué, jeudi, l'invité au Forum d'El Moudjahid, M.Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale. En vertu de ces «adaptions», l'option de la grève illimitée sera simplement interdite. «Il sera exigé du syndicat gréviste de déterminer la durée exacte de son débrayage dans le préavis de grève.» Cette nouvelle disposition vise à pallier la situation actuelle à laquelle font face certains secteurs, notamment celui de la santé, paralysé depuis près d'un mois par la grève des spécialistes. Il sera aussi question dans la nouvelle législation, de définir, en des termes clairs, le concept du «service minimum» durant la grève, de simplifier les mesures d'arbitrage en cas de conflits, de la révision des modalités portant suspension du contrat du travail. Une décision qui ne pourra que préserver les droits des travailleurs contractuels, Un corps souvent à la merci des employeurs. Dans ce même cadre, un projet de texte réglementaire en application de la loi 90-14 est en préparation. Il vise à fixer les modalités d'attribution des subventions de l'Etat aux organisations syndicales les plus représentatives à l'échelon national. Ce projet sera soumis pour concertation et avis aux organisations syndicales. Répliquant sur une question suggérant la marginalisation des syndicats «autonomes» dans le règlement des conflits sociaux, M.Louh s'est montré intransigeant. «Juridiquement, il n'existe pas de syndicat autonome ou non autonome. En revanche, Il y a des organisations syndicales», avant d'ajouter: «Toute organisation ayant des tendances politiques sera dissoute». Le ministre faisait-il référence au Snapap? Est-ce la raison qui pousse le gouvernement à opter pour l'Ugta au lendemain de chaque conflit social? «Nous avons opté tout simplement, et comme stipulé par les textes de loi, pour le syndicat le plus représentatif du monde du travail», répond M.Louh. Appelé à se prononcer sur la grève des paramédicaux, le ministre use d'un ton diplomatique, en affirmant que des négociations sont en cours pour solutionner ce problème, tout en mettant en exergue «les acquis réalisés par le secteur durant la dernière bipartite, notamment en ce qui concerne les augmentations des salaires de certaines catégories des travailleurs». M.Louh a longuement défendu les acquis de la bipartite, «qui a permis de cerner les principales préoccupations de l'heure». Cette rencontre entre dans «cette approche de dialogue social visant à parvenir progressivement à la réduction du nombre de grève». Un pari en partie réalisé, c'est en tout cas ce qu'a laissé entendre le ministre du Travail, qui a évoqué, durant sa longue communication, «une accalmie du front social». Une position qu'il a tenu à appuyer par des chiffres. En effet seulement 144 arrêts de travail ont été enregistrés cette année, contre 441 en 1996. Par ailleurs, M.Louh a été interpellé, au sujet du dossier épineux relatif au non-remboursement des médicaments génériques fabriqués en Algérie, entraînant des pertes financières colossales aux laboratoires pharmaceutiques. A ce sujet, le ministre a insinué de probables changements au niveau du fonctionnement du Comité technique du remboursement. Concernant les caisses sociales, l'on a appris que ce dossier est confié à un groupe bipartite chargé de proposer les mesures d'adaptation qu'«impose la sauvegarde du système aussi bien dans ses fondements que dans ses objectifs».